Nigeria : Boko Haram s’empare de Monguno, dernier verrou militaire avant Maiduguri
Boko Haram poursuit son avancée dans le nord-est du Nigeria. Dimanche, le groupe terroriste a pris le contrôle de Monguno, une ville stratégique où se trouvait la dernière base militaire de l’armée avant Maiduguri, capitale de l’État de Borno.
Les hommes d’Abubakar Shekau ne sont plus qu’à quelque 130 km au nord-est de Maiduguri, leur ancien fief. Boko Haram s’est en effet emparé, le 25 juin, de la ville de Monguno et de sa base militaire, dernier verrou avant d’atteindre la capitale de l’État de Borno.
"Monguno est tombée, Monguno est tombée", a déclaré un haut responsable militaire sous couvert d’anonymat. "Nous les avons affrontés toute la nuit mais ils ont réussi à prendre la ville, y compris les casernes militaires".
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L’armée nigériane a affirmé que de "nombreux" combattants islamistes avaient été tués durant les combats à Maiduguri et dans la ville voisine de Konduga, où les assauts de Boko Haram lancés simultanément à celui de Monguno ont été repoussés. Dans cette dernière ville, les forces aériennes sont passées à l’action, "après que les troupes ont dû battre en retraite", a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade.
C’est dans ce contexte difficile que John Kerry a effectué une visite de quelques heures à Lagos, capitale économique du pays le plus peuplé d’Afrique, au moment où la multiplication des violences islamistes fait planer une ombre sur la présidentielle du 14 février. Des centaines de milliers de personnes ont dû fuir à cause des tueries dans le nord-est et pourraient ne pas être en mesure de voter, ce qui a conduit certains à appeler à un report du scrutin.
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Présidentielle à la date prévue
Il est "impératif que les élections se tiennent à la date prévue", a cependant lancé le secrétaire d’État américain. "Il est absolument crucial que cette élection se déroule de façon pacifique. La communauté internationale suit de très près cette élection", a-t-il martelé.
Les élections présidentielle et législatives du 14 février s’annoncent comme les plus serrées depuis le retour de la démocratie au Nigeria en 1999. Or, dans un pays où le souvenir des violences postélectorales de 2011 (plus de 1 000 morts) reste vivace, le climat politique se crispe entre les camps rivaux.
Le président-candidat Goodluck Jonathan, un sudiste chrétien, et son principal rival, le nordiste musulman Muhammadu Buhari, que le chef de la diplomatie américaine a rencontrés dimanche, ont certes signé un pacte de non-agression, mais des incidents sporadiques ont déjà eu lieu.
Le président Jonathan a indiqué avoir assuré à son hôte que son gouvernement fournirait "toutes les ressources nécessaires à la commission électorale pour que l’élection se déroule dans le calme".
Washington "prêt à faire plus"
Face à Boko Haram, John Kerry a affirmé que les États-Unis étaient prêts à accroître leur aide à leur partenaire nigérian. "Nous sommes prêts à faire plus", a-t-il déclaré, tout en soulignant que cela dépendait notamment du caractère "transparent et pacifique" des prochaines élections.
Les États-Unis partagent déjà des renseignements sur le groupe islamiste avec le Nigeria et ont dépêché l’an dernier des conseillers militaires et civils pour tenter de retrouver les plus de 200 lycéennes enlevées par Boko Haram à Chibok (nord-est).
Mais les relations entre Washington et Abuja se sont tendues depuis fin 2014, alors que l’armée nigériane est régulièrement accusée de graves exactions contre les civils. Cela n’a pas empêché le président Jonathan de "réaffirmer le ferme engagement [du Nigeria] à travailler avec les États-Unis pour mettre fin au terrorisme dans le monde et, en particulier, à Boko Haram".
Il a assuré aussi que son pays est "fermement engagé" pour le succès de la future force régionale anti-Boko Haram, alors que le Tchad voisin a pris il y a quelques jours la main sur ce dossier, infligeant un sérieux revers au géant nigérian.
>> À lire : Boko Haram, pourquoi la coopération régionale patine
(Avec AFP)
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