Sommet de l’UA : les pays africains écartent l’idée d’une intervention en Libye

Réunis ce mercredi à Addis-Abeba à l’occasion du sommet de l’UA, les pays membres du groupe international de contact sur la Libye se sont prononcés en faveur d’une solution politique au détriment d’une intervention militaire.

Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat. © AFP

Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat. © AFP

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Publié le 28 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Pour l’Union africaine qui, en 2011, avait vainement mis en garde la communauté internationale contre le recours à la force militaire en Libye, cela sonne comme une petite revanche. À l’issue de la réunion du groupe international de contact sur la Libye, qui s’est tenue à huis clos ce mercredi 28 janvier à Addis-Abeba, l’organisation panafricaine a paru reprendre la main, et aucun des participants ne se disaient plus favorables à une intervention militaire. "La solution ne peut être que politique, a résumé un ministre ouest-africain des Affaires étrangères. C’est mal connaître la Libye que de penser que l’on peut y résoudre quoi que ce soit par la force."

Début janvier, pourtant, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, avait estimé qu’il était "indispensable" d’intervenir militairement pour empêcher que le pays, en proie à la violence depuis la chute de Mouammar Kaddafi, ne bascule dans le chaos. Mais cette option n’est de toute évidence plus à l’ordre du jour.

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"La solution sera politique"

Aujourd’hui, Mohamed Bazoum, le chef de la diplomatie nigérienne, préfère insister sur le fait qu’il "faut faire pression sur tous les acteurs intérieurs et extérieurs qui interfèrent sur ce dossier" pour trouver un accord politique. Sans pour autant fermer la porte, "dans un second temps", à des frappes ciblées sur les groupes terroristes qui ont trouvé refuge dans le sud-ouest libyen. Selon plusieurs sources ministérielles, des éléments de Boko Haram ont par ailleurs été arrêtés récemment dans cette région, faisant ressurgir la crainte d’un front jihadiste allant du désert libyen aux forêts du nord-est du Nigeria.

"On ne peut pas interdire à des partenaires internationaux de s’intéresser à une crise majeure, a pour sa part déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtame Lamamra. Mais il faut le faire dans le respect de ce principe de base : il n’y aura pas de militarisation de la situation en Libye – ce n’est ni possible ni souhaitable. La solution sera politique".

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Réunion prochaine des pays voisins à N’Djamena

Réagissant à l’attentat suicide meurtrier perpétré la veille en plein centre de Tripoli, son homologue tchadien, Moussa Faki Mahamat, a lui aussi insisté sur le fait que ces évènements "devaient inciter les Libyens, les pays voisins et même l’ensemble de la communauté internationale à pousser davantage pour une solution négociée. Il faut continuer dans le sens des pourparlers qui ont déjà commencé [à Genève, sous l’égide de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Bernadino Leone]. C’est cela qui nous permettra d’isoler les terroristes, qu’ils soient libyens ou étrangers".

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Moussa Faki Mahmat a en outre annoncé l’organisation à N’Djamena, d’ici au 15 février, d’une réunion des six pays voisins de la Libye, à laquelle devrait aussi assister Bernadino Leone.

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Malentendu à la la réunion du groupe international de contact sur la Libye

La réunion du groupe international de contact sur la Libye s’est achevée sur une belle unanimité. Mais tout avait plutôt mal commencé… La délégation libyenne n’a en effet pas apprécié que la Turquie et le Qatar, connus pour le soutien qu’ils apportent aux milices islamistes qui contrôlent Tripoli, soient invités à prendre la parole dès le début de la réunion. Résultat : des discussions suspendues, un ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Dayri, qui refuse de prendre part à la réunion, et de longs et discrets palabres, dans une salle située à quelques mètres de là, pour tenter de calmer le jeu. "Il faut comprendre les Libyens, commente un participant au huis-clos. Ils n’ont même pas été consultés… Il y a là une vraie maladresse." Et il aura fallu tout le talent diplomatique des ministres algérien, tchadien et nigérien des Affaires étrangères pour que le malentendu soit dissipé.

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Anne Kappès-Grangé et Benjamin Roger, envoyés spéciaux à Addis-Abeba

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