Goodluck, IBK, Kabila… Les grands absents du sommet de l’UA
Ils sont restés chez eux, trop occupés par leurs affaires internes. Plusieurs poids lourds du continent ne seront pas sur la photo de famille du 24e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’ouvre vendredi matin à Addis-Abeba.
Goodluck Jonathan – Nigeria
Le doute a longtemps plané sur la présence du président nigérian à Addis-Abeba. Il ne sera finalement pas de la partie. En pleine campagne pour sa réelection, Goodluck Jonathan a préféré rester au Nigeria. À deux semaines de la présidentielle, prévue le samedi 14 février, il fait face à une sérieuse concurrence de son rival Muhammadu Buhari et risque de perdre son fauteuil.
Cette absence est très remarquée, alors que la lutte contre Boko Haram, qui ne cesse d’étendre sa toile dans le bassin du lac Tchad, est une des priorités de ce sommet de l’Union africaine (UA). Un des objectifs annoncé est d’ailleurs la mise en place d’une force multinationale – probablement alimentée par les pays de la région et sous mandat des Nations unies – pour défaire le groupe terroriste nigérian.
Paul Biya – Cameroun
Cela fait longtemps que Paul Biya, 81 ans, snobe les sommets de l’UA à Addis-Abeba. Ce sera une fois de plus le cas cette année – alors qu’il n’avait pas manqué le sommet États-Unis-Afrique, à Washington, au mois d’août dernier.
Comme Goodluck Jonathan, sa présence était pourtant vivement souhaitée. Le Cameroun est en effet en première ligne dans la lutte contre Boko Haram. Subissant les assauts meurtriers et réguliers du groupe terroriste depuis des mois dans le nord du pays, Yaoundé a même fini, mi-janvier, par appeler l’armée tchadienne à l’aide pour assurer la sécurité sur son territoire.
Ibrahim Boubacar Keïta – Mali
IBK devait se rendre à Addis-Abeba mais l’actualité en a décidé autrement. Le président malien a préféré se rendre ce jeudi à Gao, dans le Nord – pour la première fois depuis son élection -, afin de marquer son soutien à la Minusma (la force de l’ONU au Mali) et apaiser les tensions qui y règnent depuis une semaine.
Mardi 27 janvier, trois civils avaient été tués au cours d’une violente manifestation contre la mission onusienne à Gao. À l’origine de leur colère : la publication d’un document de travail visant à mettre en place une "zone temporaire de sécurité" à Tabankort, localité de la région de Kidal, où des hélicoptères de la Minusma ont tué entre 4 et 7 membres de groupes rebelles le 20 janvier. Les manifestants, qui dénonçaient un accord favorisant les rebelles, avaient finalement obtenu le retrait du texte une semaine plus tard.
Joseph Kabila – RDC
Joseph Kabila est, lui aussi, retenu par les affaires internes. Le président de la République démocratique du Congo (RDC) traverse actuellement une zone de turbulences à Kinshasa. En cause : son projet de loi électorale controversée et, derrière, sa volontée supposée de rester au pouvoir après 2016 malgré la limitation constitutionnelle des mandats.
Après plusieurs jours de violentes manifestations à Kinshasa et Goma, le texte initial a finalement été modifié, ne liant plus l’organisation d’un recensement à celle des élections présidentielle et législatives de 2016.
Abdelaziz Bouteflika – Algérie
Âgé de 77 ans, le président algérien, sévèrement affaibli par une série de problèmes de santé, ne voyage plus que pour aller se faire soigner en France. Son absence au sommet de l’UA n’est donc pas vraiment une surprise. Son pays est pourtant directement impliqué dans plusieurs dossiers chauds, au premier rang desquels les négociations de paix maliennes et la crise libyenne.
Si le chef d’État n’est pas là, l’Algérie est un des seuls pays représenté par plusieurs ministres. Outre le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, arrivé mercredi soir, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et celui en charge des Affaires africaines, Abdelkader Messahel, sont présents à Addis-Abeba.
Macky Sall – Sénégal
Il est venu… mais est très vite reparti. Le président sénégalais Macky Sall a passé à peine 24 heures à Addis-Abeba. Arrivé mercredi après-midi, il a repris l’avion pour Dakar ce jeudi, après avoir dirigé le comité d’orientation des chefs d’État et de gouvernement du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
La raison de ce départ express, avant même le début du sommet avec ses homologues de l’UA ? La réception, dans la soirée, à Dakar, de Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), de passage au Sénégal après une visite au Rwanda.
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Anne Kappès-Grangé et Benjamin Roger, envoyés spéciaux à Addis-Abeba
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