Côte d’Ivoire : comment la politique a repris ses droits au procès de Simone Gbagbo

En moins d’une semaine, le procès Simone Gbagbo a pris une autre tournure, plus politique. Ce sont désormais les anciens ministres de Laurent Gbagbo qui se succèdent à la barre pour répondre des accusations d’atteinte à la sureté de l’État. Et la défense est plutôt… offensive.

De gauche à droite, Simone Gbagbo, Gilbert Ake N’Gbo, Pascal Affi N’Guessan et Aboudramane Sangare. © Reuters

De gauche à droite, Simone Gbagbo, Gilbert Ake N’Gbo, Pascal Affi N’Guessan et Aboudramane Sangare. © Reuters

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Publié le 12 février 2015 Lecture : 2 minutes.

Après un mois relativement calme passé à écouter ceux que l’on a appelé "les seconds couteaux", le procès Simone Gbagbo est entré dans le vif du sujet. Le tribunal d’Abidjan ressemble désormais à s’y méprendre à une véritable arène politique.

>> Lire aussi : "Côte d’Ivoire : les seconds couteaux défilent au procès de Simone Gbagbo"

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Contre la France

Jean-Jacques Béchio, ancien titulaire du portefeuille de la Fonction publique sous Félix Houphouët-Boigny, a réfuté, jeudi 5 février, toute accusation d’atteinte à la sureté de l’État. Arrêté le 11 avril 2011 aux côtés de Laurent Gbagbo et de sa femme Simone, cet ancien diplomate de carrière a ensuite fustigé l’"injustice" de ses années de détention et "l’enfer sur terre" lors du bombardement de la résidence présidentielle. "Ça a été infernal. Nous avons été gazés comme des rats (…) et cernés par l’armée française", a t-il confié à la barre.

Georges Armand Ouégnin, chirurgien de formation et ancien secrétaire d’État à l’Assurance maladie dans le dernier gouvernement de Laurent Gbagbo, a également plaidé non-coupable le 5 février. "Je ne reconnais pas les faits", a-t-il lancé, répondant notamment à l’accusation selon laquelle il aurait tenu des réunions sur des achats d’armes pour alimenter des milices. "Ce que je sais faire, c’est la médecine", a déclaré l’accusé.

Surtout, mardi 10 février, c’est le dernier Premier ministre de Laurent Gbagbo, Gilbert Aké N’Gbo, qui s’est présenté devant le tribunal pour préciser sa défense. "Non coupable", a-t-il déclaré en réfutant les faits qui lui sont reprochés (atteinte à la sureté de l’État, notamment) et en soutenant qu’il se considérait plutôt comme un technocrate qui ne devait pas être condamné pour avoir accepté un poste.

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Contre l’ONU

Mais c’est avant tout la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) qui a été la cible des critiques les plus virulentes de la part des anciens ministres accusés. Le Coréen Young-Jin Choi, représentant de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire de 2007 à 2011, "a outrepassé ses prérogatives (…), il n’avait pas à dire qui a gagné parce que ce n’était pas sa mission", s’est notamment insurgé Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères dans le dernier gouvernement de Laurent Gbagbo.

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>> Lire aussi l’interview de Choi Young-jin, le 23 février 2011

La mission de l’Onuci "était de dire si les élections se sont déroulées selon les textes en vigueur en Côte d’Ivoire. C’est cela le sens de la certification," a insisté le diplomate. "Les juges sont encore en train de nous juger alors qu’on parle de réconciliation", a encore lancé Alcide Djédjé. Et de conclure "On ne peut pas être en train de régler les questions de 2010 alors qu’on parle des élections de 2015."

Trois autres anciens ministres étaient également à la barre : Christine Adjobi (Santé), Ettien Amoikon (Technologies de l’information et de la communication) et Raphaël Dogbo (Handicapés). Comme Alcide Djédjé, et comme l’ancien ministre de la Recherche scientifique, Joseph Kata Kété, ils ont fustigé l’Onuci. Selon eux, elle les aurait livrés aux nouvelles autorités ivoiriennes alors qu’ils s’étaient rendus pour chercher une protection.

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Par Mathieu OLIVIER

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