Ces otages occidentaux que les forces spéciales étrangères n’ont pas réussi à libérer en Afrique
Avant ce week-end et la libération réussie de l’otage néerlandais Sjaak Rijke, détenu depuis plus de trois ans par Aqmi au Mali, plusieurs Occidentaux ont perdu la vie en Afrique lors d’opérations de sauvetage ratées menées par les forces spéciales de leurs pays respectifs.
Florent Lemaçon, Somalie, 2009
Deux des trois pirates somaliens lors de leur procès au tribunal de Rennes, en France, le 14 octobre 2013. © AP/Sipa
Florent Lemaçon part en juillet 2008 de Vannes, dans l’ouest de la France, avec sa femme Chloé et son fils Colin à bord de leur voilier, le Tanit, pour un grand voyage à destination de Madagascar. Après avoir embarqué un couple d’amis à Hugharda, en Égypte, l’équipage français passe le golfe d’Aden.
Le 4 avril 2009, un groupe de pirates attaque et prend possession du bateau au large des côtes de la Somalie. Après deux jours de négociations infructueuses, les ravisseurs se rapprochent dangeureusement des côtes et de leurs bastions réputés impénétrables. Le 10 avril, les commandos marines de l’armée française décident de lancer l’assaut sur le Tanit pour tenter de neutraliser les pirates somaliens. Ils en tuent deux et en arrêtent trois, mais une des balles française touche mortellement Florent Lemaçon. Les autres membres d’équipage sont eux sains et saufs.
Michel Germaneau, Mali, 2010
Michel Germaneau était au Niger pour un projet humanitaire lorsqu’il a été enlevé. © DR
Le Français Michel Germaneau, 78 ans, est enlevé le 19 avril 2010 dans le nord du Niger par des combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le 11 juillet, le groupe jihadiste publie un ultimatum dans lequel il menace de tuer l’otage si Paris ne répond pas à ses revendications d’ici quinze jours. Le lendemain, alors que le président Nicolas Sarkozy évoque "une inquiétude brûlante" pour Germaneau, détenu "quelque part dans le Sahel", une intervention des forces spéciales françaises se prépare en coulisses.
Le 22 juillet, à l’aube, une trentaine d’éléments du Commandement des opérations spéciales (COS) participent à un raid de l’armée mauritanienne contre un camp d’Aqmi en territoire malien. Bilan : six jihadistes tués, mais pas de traces de Germaneau. Trois jours plus tard, Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Aqmi, annonce dans un enregistrement sonore diffusé par Al-Jazira que l’otage français a été exécuté en représailles de ce raid. Si Paris confirme son décès, les circonstances de sa mort (maladie, assassinat…) n’ont jamais été élucidées et son corps jamais retrouvé.
Antoine de Léocour et Vincent Delory, Niger, 2011
Antoine de Léocour (g) et Vincent Delory (d). © Reuters
Le 7 janvier 2011, Antoine de Léocour et Vincent Delory, deux jeunes Français de 25 ans, fêtent leurs retrouvailles et le futur mariage du premier dans un restaurant du centre de Niamey fréquenté par les expatriés occidentaux. Vers 23h00 débarque un groupe d’hommes armés qui les force à monter dans un pick-up. Le convoi des ravisseurs, composé de trois véhicules, file ensuite à toute vitesse vers le Mali voisin, base arrière des groupes jihadistes de la région.
Le lendemain, après plusieurs accrochages meurtriers avec l’armée nigérienne, les forces spéciales françaises tentent d’intercepter les terroristes en territoire malien. L’opération est un fiasco. Antoine de Léocour est exécuté d’une balle dans la tête par un de ses ravisseurs pendant l’assaut. Vincent Delory est lui abandonné dans un des pick-up qui s’embrase sous les échanges de tirs. Il meurt brûlé. Depuis le décès des deux jeunes hommes, leurs familles se battent pour connaitre la vérité et savoir qui a donné l’ordre d’attaquer aux soldats français.
Chris McManus et Franco Lamolinara, Nigeria, 2012
Le Britannique Chris McManus est mort le 8 mars 2012 au Nigeria. © DR
Le Britannique Chris Mc Manus, 28 ans, et l’Italien Franco Lamolinara, 47 ans, tous deux ingénieurs pour une entreprise italienne de construction, ont été enlevés le 12 mai 2011 sur leur base de travail à Birnin Kebbi, dans l’État de Sokoto, par des jihadistes d’Ansaru.
Moins d’un an plus tard, le 8 mars 2012, les forces spéciales britanniques et l’armée nigériane tentent une opération pour libérer les deux otages. Cette tentative est un échec : les deux captifs sont exécutés par leurs ravisseurs avant même que les militaires aient pu pénétrer dans le bâtiment où ils étaient détenus. Validée par le Premier ministre britannique David Cameron, cette opération ratée déclenchera la colère du chef du gouvernement italien Mario Monti, mis au courant seulement une fois que l’assaut avait été lancé.
Denis Allex, Somalie, 2013
Denis Allex, dans une vidéo diffusée le 9 juin 2010 par ses ravisseurs. © AP/Sipa
Denis Allex – il s’agit d’un pseudonyme et non de sa réelle identité – était un agent français de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français. Le 14 juillet 2009, il est kidnappé avec son collègue Marc Aubrière dans leur hôtel de Mogadiscio par des insurgés islamistes Shebab. Les deux Français, qui s’étaient présentés comme des reporters, était en mission officielle en Somalie pour former des policiers locaux et la garde présidentielle.
Alors que Marc Aubrière parvient à s’échapper, Denis Allex reste lui plus de trois ans en détention. Les services français finissent par le localiser dans une maison de la ville somalienne de Buulo Mareer. Le 11 janvier 2013, une opération est lancée pour tenter de le libérer. Une cinquantaine de commandos du Service Action de la DGSE et du COS sont déposés en hélicoptère à trois kilomètres du lieu de détention de l’otage. Repérés par des Shebab, leur effet de surprise est nul et ils se retrouvent rapidement en difficulté sous le feu ennemi. Après 45 minutes d’intenses combats, ils sont contraints de se replier, tandis que Denis Allex est exécuté par ses ravisseurs. 17 jihadistes, 2 militaires français et plusieurs civils sont aussi tués dans cette opération manquée.
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