Crise au Mali : nouvelle réunion à Alger, la médiation internationale dans l’impasse
Menée par l’Algérie, la médiation internationale sur la crise dans le nord du Mali pensait avoir trouvé un accord de paix. Mais si celui-ci a été paraphé par Bamako depuis le 1er mars, la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) a exposé ses conditions pour l’agréer dans un document dont J.A. a obtenu une copie.
Mis à jour le 15/04, à 10h39.
L’Algérie, chef de file de la médiation dans la crise malienne a invité toutes parties prenantes à se rendre le 15 Avril à Alger. Objectif : convaincre la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) de parapher le pré-accord de paix accepté par Bamako, et d’ouvrir ensuite des discussions, les 16 et 17 avril, sur des amendements au texte à intégrer éventuellement avant la signature finale.
Mais à Bamako, Ibrahim Boubacar Keïta a très mal pris la situation. "Dans un premier temps, le président malien a refusé d’envoyer des représentants. Il avait posé comme condition préalable le paraphe de la CMA sur l’accord. Mais à la dernière minute, il a finalement accepté de mandater une équipe du gouvernement à Alger", explique une source occidentale bien informée.
Les conditions de la CMA
À Nouakchott, en Mauritanie, la CMA a quant à elle organisé une conférence de presse, lundi 13 avril, pour annoncer qu’elle boycotterait l’invitation. "Nous n’envoyons aucun de nos membres à Alger", a dit Moussa Ag Assarid (MNLA). Mais le représentant de la coalition en Europe a été contredit le 15 avril, certains membres de la CMA ayant finalement annoncé leur participation. Dans un document remis à la médiation internationale, le 17 mars à Kidal, et dont Jeune Afrique a obtenu une copie (voir ci-dessous), la CMA pose néanmoins plusieurs conditions pour revenir à la table des discussions, notamment la "reconnaissance officielle de I’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique ainsi que la création d’une assemblée interrégionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal (…)".
Au niveau sécuritaire, la CMA veut définir elle-même "la liste des combattants et détermine(r) leurs grades. Les forces de défense et de sécurité à l’intérieur de I’Azawad seront composées à 80% de ressortissants de I’Azawad, ainsi qu’au niveau des postes de commandement", ajoute le document de deux pages. Enfin, au sujet du développement du Nord du Mali, le texte demande l’"affectation d’un fonds spécial pour I’Azawad sur le budget de I’État à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans." Mais aussi que l’"exploitation des ressources minières et énergétiques de l’Azawad (soit) soumise à I’autorisation préalable de l’Assemblée interrégionale après avis de l’Assemblée régionale. Un quota de 20 % de la production sera affecté à l’Azawad, avec priorité à Ia région concernée"…
Quel avenir commun ?
Une seule chose est désormais sûre : les membres de la médiation internationale seront bien présents à Alger ce 15 avril, pour voir "comment faire avancer le processus de paix", dit un des ses membres à Bamako. Et entre les deux parties au conflit, les négociations s’annoncent très difficiles.
"Pour Bamako, analyse un notable du nord du Mali à Bamako, il faut tout faire pour montrer à la médiation que les mouvements de l’Azawad ne sont que des narcotrafiquants qui ont pactisé un moment avec les terroristes d’Aqmi, et donc qu’il ne peut pas y avoir de vraie discussion avec eux. Les mouvements armés, eux, veulent montrer qu’il n’y a plus de d’avenir commun avec Bamako, compte tenu des exactions de l’armée malienne sur les civils et du retard acquis dans le développement du Nord par rapport au reste du pays". En un mot : c’est l’impasse.
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Le document de la CMA transmis à la médiation internationale :
La CMA pose ses conditions à la signature du pré-accord de paix d'Alger
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