Burkina : trois ex-ministres de Compaoré sortent de prison, un autre y entre
Selon des sources judiciaires et sécuritaires burkinabè, trois anciens ministres de Blaise Compaoré, interpellés pour des malversations présumées, ont été remis mardi en liberté, tandis qu’un quatrième a été placé en détention à la prison de Ouagadougou.
Paramanga Ernest Yonli, l’ex-Premier ministre burkinabè (2000-2007), Jérôme Bougouma, l’ancien ministre de la Sécurité et Jean-Bertin Ouédraogo, l’ex-ministre des Transports, ont été remis en liberté par le parquet de Ouagadougou, qui s’est dit incompétent à les poursuivre, à en croire une source sécuritaire qui a livré l’information, mardi 14 avril.
"Leur cas n’est pas de notre ressort. Nous sommes incompétents parce que les affaires concernant les anciens ministres doivent être traitées par la Haute cour de justice", a confirmé à un magistrat du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou.
>> Lire aussi : Que reproche-t-on aux trois anciens ministres de Blaise Compaoré ?
Salif Kaboré en prison
Seul l’ancien ministre des Mines, Salif Kaboré, a été déféré vendredi à la prison de Ouagadougou pour des malversations et des irrégularités commises en tant que directeur général de la Société burkinabè l’électricité (Sonabel), a indiqué le même magistrat, qui a requis l’anonymat.
Salif Kaboré, un proche de François Compaoré, le frère cadet du président déchu, avait été nommé ministre en avril 2011 après avoir occupé pendant une dizaine d’années le poste de directeur général de la Sonabel, une entreprise publique.
Un cinquième ancien ministre, chargé de l’Industrie et du Commerce, Patiendé Arthur Kafando, interpellé vendredi par la gendarmerie, devrait être présenté au parquet, selon des sources sécuritaires et judiciaires.
Procédures non respectées ?
Au total, une quinzaine de cadres du régime déchu de Blaise Compaoré ont été interpellés depuis dix jours au Burkina Faso pour des actes présumés de malversations.
Mais de nombreux magistrats et avocats ont toutefois dénoncé le non-respect des procédures concernant l’interpellation de ces anciens ministres.
"Tout laisse croire que les arrestations ont été ordonnées par la transition et le procureur n’a fait que recevoir les détenus", s’est ému mardi Moussa Stéphane Sorry, un ancien procureur maintenant à la Cour d’appel, dans le quotidien d’État Sidwaya. "La volonté d’en finir avec l’impunité est plus populiste que réelle", a asséné ce magistrat.
De leur côté, une trentaine de partis de l’ex-opposition à Blaise Compaoré ont estimé mardi dans un communiqué commun que "ces interpellations participent de l’assainissement de la vie publique, même si elles auraient dû intervenir dès le début de la transition".
"Plusieurs rapports publics, qui identifient clairement de nombreux auteurs de crimes économiques et le montant de leurs forfaits, étaient à la disposition des autorités", ont-ils souligné.
Les pro-Compaoré ont annoncé entrer en résistance contre la politique aux relents oppressifs et répressifs menée, selon eux, par l’exécutif.
(Avec AFP)
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