Massacres de Sétif : la visite de Jean-Marc Todeschini diversement appréciée en Algérie
La presse algérienne n’a pas manqué de commenter la visite du secrétaire d’État français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, à Sétif. La première du genre pour un membre du gouvernement aux commémorations des massacres de 1945.
Le secrétaire d’État français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, était en Algérie dimanche 19 avril pour rendre hommage aux victimes algériennes de la répression par les autorités coloniales françaises du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l’est de l’Algérie. Tout juste 70 ans après les faits, il s’agissait de la première visite d’un responsable gouvernemental français pour les commémorations de ces massacres qui auraient fait quelque 45 000 morts. Un déplacement de grande portée symbolique que la presse n’a pas manqué de commenter.
Une réaction très nuancée pour le grand quotidien national El Watan, qui fait part d’une certaine déception. "Le voyage mémoriel de Jean-Marc Todeschini s’est transformé en une simple virée touristique et protocolaire", écrit le journal, qui s’interroge sur l’absence marquante de certaines personnalités algériennes comme le président de la Fondation du 8 Mai 1945 et le secrétaire de l’organisation des moudjahidine de Sétif.
Un pas vers la reconnaissance des crimes coloniaux ?
Les Sétifiens cités dans El Watan regrettent également que le ministre n’ait pas clarifié la position de la France sur les massacres, "renvoyant aux calendes grecques les excuses et la reconnaissance des crimes commis en son nom".
Son de cloche diamétralement opposé, en revanche, pour Algérie-Focus qui parle quant à lui d’une visite "historique". "Le ministre français des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini a même accompli le geste symbolique de déposer une gerbe de fleurs devant le Mausolée de la première victime de la répression du 8 mai 1945, Saal Bouzid", estime le quotidien. Qui conclut : "Le ministre français des Anciens combattants fait donc un pas vers la reconnaissance des méfaits et crimes de cette période de l’Histoire de la France coloniale."
Guerre des mémoires
Plus modéré, Liberté estime que la visite est un "pas pour l’apaisement des mémoires". "Ce déplacement d’un membre du gouvernement français est perçu par certains observateurs comme une forme de reconnaissance de la France des crimes qu’elle a commis contre les Algériens pendant la colonisation", peut-on lire. Mais Liberté fait également état de la déception de certains qui "attendent des actions plus concrètes".
“Je pense que cette visite n’a de sens que si elle est suivie d’une autre où les officiels français reconnaîtront les crimes perpétrés le 8 Mai 1945, afin de donner aux martyrs le statut qu’ils méritent”, confie un ancien moudjahid cité par le journal. Nous ne faisons pas de chantage, mais nous insistons pour que les officiels français reconnaissent les crimes de la France colonialiste en Algérie. C’est une condition pour éviter que la guerre des mémoires ne dure encore plus longtemps.
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