Burundi : violente répression de manifestations contre un 3e mandat de Nkurunziza
Des violences ont secoué dimanche la capitale burundaise après la désignation du président Pierre Nkurunziza comme candidat de son parti à la présidentielle prévue en juin. Les manifestations ont été durement réprimées par les forces de l’ordre. Deux opposants ont été tués par balle, selon des témoins.
"Nous appelons les habitants de Bujumbura à venir manifester contre le 3e mandat du président Pierre Nkurunziza en plus grand nombre lundi", a lancé dimanche 26 avril Vital Nshimirimana, président du Forum pour le renforcement de la société civile au Burundi, plate-forme d’ONG hostiles à un nouveau mandat du président Pierre Nkurunziza. "La campagne contre le troisième mandat appelle également les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école et les magasins à fermer toute la journée, en signe de solidarité", a-t-il dit, "pour éviter qu’ils ne soient victimes des policiers burundais qui tirent aveuglement sur la foule".
Cet appel à manifester intervient après une journée marquée par des violences aux cours desquelles deux manifestants ont été tués par balles à Bujumbura, alors qu’ils protestaient contre la candidature du président à un 3e mandat, ont rapporté des témoins.
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Journée d’émeutes à Bujumbura
"Nous avions appelé à des manifestations pacifiques et c’est ce qui s’est passé mais la police et la milice du parti au pouvoir ont tiré à balles réelles sur les manifestants", a dénoncé le président du parti d’opposition Frodebu Leonce Ngendakumana.
La désignation de Pierre Nkurunziza comme candidat du Cndd-FDD lors d’un congrès le 25 avril a provoqué une vague de manifestations dans le pays. L’opposition et de nombreux pans de la société civile jugent qu’un troisième mandat du président Nkurunziza serait inconstitutionnel et contraire aux accords d’Arusha, qui ont ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006). La candidature de M. Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin "risque de plonger le Burundi dans le chaos", a même lancé samedi l’un des principaux opposants du pays, Agathon Rwasa.
Les heurts ont éclaté le 26 avril en plusieurs points de la capitale, les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau, projetant du liquide teinté de bleu afin de marquer les manifestants. Plusieurs manifestants ont été blessés ainsi que des policiers anti-émeutes, touchés par des jets de pierre alors qu’ils tentaient d’empêcher des milliers de protestataires, venus notamment du quartier nord de Cibitoke, de converger vers le centre-ville.
La police a procédé à une dizaine d’arrestations tandis que le ministre de l’Intérieur Edouard Nduwimana dénonçait des "soulèvements organisés à l’appel de certains politiciens et de la société civile".
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Risques de débordements
La population craint désormais une répétition des violences. D’autant que des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, accusés par l’ONU d’être une "milice" et de multiplier les intimidations et exactions à l’approche des élections, n’ont pas caché leur intention d’en découdre si l’on empêchait leur champion, Pierre Nkurunziza, de se représenter.
Les autorités ont coupé les émetteurs relais des trois principales radios indépendantes, dont la Radio publique africaine (RPA), surnommée la "radio des Sans-Voix" RPA accusées de favoriser l’insurrection en retransmettant en direct les manifestations.
Plusieurs milliers de Burundais ont d’ailleurs déjà fui au Rwanda voisin, terrorisés par les menaces des jeunes du Cndd-FDD qui, disent-ils, traquent les opposants au président sortant.
(Avec AFP)
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