Pourquoi le Sénégal envoie-t-il plus de 2 000 soldats auprès de l’Arabie saoudite ?
Le Sénégal va envoyer 2 100 soldats en Arabie saoudite pour rejoindre la coalition internationale formée par Riyad. L’annonce, faite lundi, est loin de faire l’unanimité dans le pays.
Le Sénégal rejoint la coalition menée par Riyad au Yémen, qui inclut 10 pays dont, sur le continent, le Maroc, l’Égypte ou le Soudan. Le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a annoncé lundi 4 mai l’envoi de 2 100 soldats en Arabie saoudite. Objectif affiché : lutter contre les rebelles chiites installés au Yémen et contre toute infiltration terroriste dans le pays.
Le président sénégalais, Macky Sall, "a décidé de répondre favorablement à la demande [de Riyad] en déployant un contingent de 2 100 hommes sur la terre sainte d’Arabie saoudite", a déclaré le chef de la diplomatie sénégalaise. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, y compris parmi les députés de la majorité. Retour en trois points sur ce nouveau déploiement militaire.
Quelle sera la mission des troupes sénégalaises ?
Les 2 100 soldats déployés en Arabie Saoudite auront pour objectif de protéger les deux grands lieux sains de l’islam dans le pays. "La coalition internationale vise à assurer la sécurité des lieux saints de l’islam à Médine et à La Mecque", a précisé le ministre sénégalais des Affaires étrangères, sans donner davantage de détail.
Ce déploiement avait été demandé par l’Arabie saoudite le mois dernier, lors d’une visite de Macky Sall à Riyad. À son retour, le président sénégalais avait fait savoir qu’il réfléchissait au moyen d’accéder à la requête saoudienne.
Pourquoi le Sénégal s’engage-t-il aussi frontalement ?
Si l’engagement du Sénégal auprès de son allié sunnite n’est pas une surprise, la forme qu’il revet laisse certains observateurs dubitatifs. Parmi les pays engagés, le Sénégal est en effet l’un des rares (avec l’Égypte) à envoyer un contingent de cette envergure sur place. D’autant que Macky Sall ne s’est pas montré aussi va-t-en guerre sur le continent. Absent de l’offensive africaine contre Boko Haram, le Sénégal avait en revanche déployé quelque 800 hommes au Mali. Bien loin, donc, des quelque 2 000 soldats envoyés en Arabie Saoudite.
Ce qui fait dire à certains analystes que ce geste ne s’explique pas seulement par le biais de l’alliance stratégique, mais trouve aussi des explications économiques. "L’avantage le plus évident du Sénégal à s’engager militairement aux côtés de l’Arabie saoudite serait un rapprochement économique et politique entre les deux pays, mais aussi certainement des paiements comptant de la part de l’Arabie saoudite", explique ainsi Andrew Lebovich, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, interrogé par le Washington Post.
Comment l’engagement militaire du Sénégal a-t-il été accueilli ?
La classe politique a réagi avec fraîcheur à l’annonce de Mankeur Ndiaye, d’autant que la mesure n’a pas été soumise au débat à l’Assemblée nationale. Certains députés ont vertement critiqué la décision de Macky Sall, y compris au sein du camp présidentiel.
Le député Cheikh Oumar Sy s’est ainsi ouvertement opposé au déploiement des troupes sénégalaises dans la péninsule arabique, jugeant au micro de RFI que le Sénégal n’avait pas de rôle à jouer au Yémen. Avant d’avancer l’hypothèse de contreparties financières promises par Riyad : "Si l’Arabie saoudite a promis d’investir au Sénégal contre notre soutien militaire, c’est extrêmement dangereux. Nous ne devons pas échanger la vie de nos soldats pour des pétrodollars."
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- Maroc, Kenya, Tanzanie… Le géant indien Adani a-t-il vraiment une stratégie africa...
- Au Niger, des membres d’un groupe rebelle pro-Bazoum ont rendu les armes
- Inauguration du nouvel aéroport de Luanda : après 20 ans, enfin l’envol
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...