Burkina : quel avenir pour le CDP sans Blaise Compaoré ?
En situation délicate depuis la chute de son mentor, le parti de Blaise Compaoré tient son congrès ce week-end à Ouagadougou. Objectif : désigner son nouveau président et remettre ses troupes en ordre de bataille pour les prochaines élections présidentielle et législatives.
Comment survivre au départ d’un homme qu’on a servi pendant près de vingt ans ? Depuis la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) traverse une crise sans précédent. L’ancien parti majoritaire, pièce maîtresse du régime de l’ex-président depuis sa fondation, en 1996, a d’abord subi la vindicte populaire. Certains de ses responsables ont ensuite été interpellés et sommés de rendre des comptes, pour différents faits de corruption ou de malversations, par les autorités de transition. Plus récemment, la promulgation du nouveau code électoral, rendant inéligibles les personnes ayant soutenu le projet de modification constitutionnelle, a mis une bonne partie de ses cadres hors-jeu pour les prochaines élections.
Malgré ces différents coups de boutoirs, le CDP entend toujours peser sur la vie politique nationale. Ce samedi 9 mai s’est ouvert son sixième congrès ordinaire dans un palais des Sports de Ouagadougou chauffé à blanc. Venus en bus de tout le pays, près de 5 000 militants, souvent vêtus aux couleurs du parti ou affichant fièrement l’effigie de Blaise Compaoré, avaient fait le déplacement, ponctuant chaque intervention à la tribune d’un tonnerre d’applaudissement ou d’un assourdissant concert de vuvuzelas. "Nous sommes là pour montrer que nous sommes fiers de notre bilan et que le parti survivra à Blaise, notamment grâce à ses nombreux jeunes", s’exclame Jacques, militant trentenaire ouagalais.
>> Lire aussi : Côte d’Ivoire : visites, mondanités et sport… La vie de Blaise Compaoré à Abidjan
Plusieurs candidats pour le poste de président
Ce premier grand rassemblement du CDP depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014 doit se clôturer dimanche soir par l’élection d’un nouveau président – et probable candidat du parti à la présidentielle. Plusieurs noms circulent déjà en coulisses : Léonce Koné, actuel président du directoire, Eddie Komboïgo, ancien député et homme d’affaires réputé, mais aussi Juliette Bankoungou, ex-ambassadrice du Burkina Faso au Canada, ou encore Ernest Paramanga, ancien Premier ministre de 2000 à 2007.
D’après ses organisateurs, ce congrès doit également servir à renouveler le bureau politique et le comité exécutif national, à faire le bilan de l’année passée, et à déterminer une nouvelle stratégie politique en vue des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre prochain. "Après tout ce que nous avons subi, il est temps de se relever et de retourner au charbon, confie un responsable du parti. À la violence et à la chasse aux sorcières, nous allons répondre par des propositions politiques et pacifiques".
Si une victoire du candidat du CDP à la présidentielle paraît peu probable, beaucoup d’observateurs estiment en revanche que le parti, fort de ses années de domination et de son ancrage local, pourrait réaliser un bon score – voire remporter – les élections législatives. "Quoi qu’ils fassent, le CDP sera toujours là. Nous gagnerons au moins un député par province", croit ainsi savoir un ancien cadre régime Compaoré.
>> Voir aussi : Infographie : que deviennent les barons du régime Compaoré ?
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