Burundi : la Belgique suspend son soutien à l’élection, les manifestations se poursuivent

Bruxelles, premier partenaire bilatéral du processus électoral au Burundi, a suspendu son soutien.

L’armée tente de calmer les manifestants en périphérie de Bujumbura, le 8 mai 2015. © Phil Moore/AFP

L’armée tente de calmer les manifestants en périphérie de Bujumbura, le 8 mai 2015. © Phil Moore/AFP

Publié le 11 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

La Belgique, premier partenaire bilatéral du processus électoral et ex-puissance colonisatrice du Burundi, a décidé de suspendre son soutien au processus électoral. En cause, les violences meurtrières provoquées par la contestation contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Ces manifestations, commencées fin avril, se poursuivaient lundi 11 mai.

La coopération belge au développement avait prévu un budget de 4 millions d’euros pour soutenir les élections au Burundi. Une première tranche de 2 millions a déjà été versée. Le vice-Premier ministre belge, Alexander De Croo, estime que dans les circonstances actuelles, le versement de la tranche restante de 2 millions doit être suspendu.

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La coopération policière également suspendue

"La Belgique estime également que, dans les conditions présentes, la coopération policière entre les deux pays doit être suspendue provisoirement", précise le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo. Sur un budget qui au total s’élève à 5 millions d’euros, 3 millions sont en suspens.

Akexander De Croo a relevé que la mission d’observation électorale de l’Union européenne au Burundi avait pris les devants la semaine dernière, en jugeant que les conditions pour des élections libres n’étaient pas réunies pour l’instant. Le gouvernement belge souligne notamment que le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a fait état de 11 manifestants abattus par la police alors qu’elle n’était pas en situation de légitime défense.

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Les manifestations se poursuivent

La campagne électorale des législatives et communales du 26 mai, qui précèdent la présidentielle du 26 juin, a été officiellement ouverte dimanche au Burundi. Depuis le début du mouvement de contestation, 18 personnes sont mortes.

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Les autorités burundaises ont sommé samedi les manifestants de cesser immédiatement et sans condition le mouvement qui agite le pays depuis le 26 avril. Elles ont demandé aux forces de sécurité de déblayer toutes les barricades sous 48 heures.

Lundi, les manifestations se sont cependant poursuivies dans les quartiers périphériques de la capitale Bujumbura, foyers de la contestation. Un incident a été signalé à Kanyosha, dans le sud de Bujumbura, où, selon un jeune adolescent, une vingtaine de manifestants ont incendié un minibus à l’aide de cocktails Molotov, pour empêcher les gens d’allers au travail. Aucune victime n’a été signalée.

À Musaga, au Sud, quelque 2 000 personnes, selon un journaliste de l’AFP, ont manifesté dans le calme, chantant des slogans anti-Nkurunziza. Les opposants au troisième mandat y ont remplacé leurs barricades par des postes de contrôle, pour filtrer les mouvements : "Il n’y a plus de barricades, mais nous avons mis des postes de contrôle pour empêcher les gens d’aller travailler en ville parce que nous continuons nos manifestations pour empêcher Nkurunziza d’avoir un troisième mandat", a expliqué Jospeh, fonctionnaire de 43 ans.

Un sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est prévu mercredi

Depuis des mois, les communautés internationale et régionale craignent que la candidature de Pierre Nkurunziza, élu en 2005 et 2010, à troisième mandat, ne déclenche des violences à grande échelle. L’histoire post-coloniale du pays a déjà été marquée par des massacres interethniques et une longue guerre civile (1993-2006). Un sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (Burundi, Rwanda, Kenya, Ouganda, Tanzanie) est prévue mercredi à Dar es Salam en Tanzanie sur la crise burundaise.

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(Avec AFP)

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