Viagra : « bander » plus pour lutter contre le palu ?

Des pilules bleues pour soigner les globules rouges : le Viagra serait efficace contre la transmission du paludisme. Des érections inopinées sont cependant à redouter. Simples effets indésirables ou vrais dommages collatéraux ?

L’usage du Viagra pourrait s’étendre à d’autres soins que ceux des troubles érectiles. © Glez/J.A.

L’usage du Viagra pourrait s’étendre à d’autres soins que ceux des troubles érectiles. © Glez/J.A.

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Publié le 15 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Heureux les timides qui avaient honte de demander du Viagra à leur pharmacienne ! Le citrate de sildénafil pourrait être prescrit pour d’autres pathologies que les dysfonctionnements érectiles inavouables. Déjà, et même si c’est moins connu de celui qui attend derrière vous à la pharmacie, cet inhibiteur de la phosphodiestérase -développé par la firme pharmaceutique Pfizer sous la marque Viagra – est utilisé, dans la médecine militaire, pour augmenter la pression artérielle des pilotes d’avion. Mais tout le monde n’est pas un aviateur timide. Heureusement, l’usage du médicament pourrait s’étendre à d’autres soins…

Selon une récente étude publiée, le 7 mai, dans la revue PLOS Pathogens, la petite pilule bleue qui ressuscite la libido des anciens pourrait enrayer le développement du Plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme. De même qu’il raidit le membre viril, le Viagra rigidifie les globules rouges et contribue à éliminer le parasite de la circulation sanguine, compromettant le dessein diabolique du moustique qui le propulse, en quelques minutes, dans les cellules du foie. En empruntant un cheval de Troie rigide – les globules rouges –, l’immigré clandestin de l’organisme peinerait à dribbler le filtrage "douanier" de la rate. Cette dernière éliminerait dorénavant les globules infectés lors de la circulation sanguine.

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>> Lire aussi : Viagra liquide au Nigeria, jouir et mourir ?

Un remère miraculeux ?

Cette découverte est le fruit du travail des équipes de Catherine Lavazec et de Gordon Langsley, à l’Institut Cochin et à l’Institut Pasteur, et de celle de David Baker à la London School of Tropical Medicine and Hygiene. Elle ouvre la voie à une nouvelle stratégie pour bloquer la propagation du paludisme qui tue, chaque année, près d’un demi-million de personnes dans le monde ; notamment des enfants de moins de cinq ans ; et notamment en Afrique. Une Afrique où est répandue l’idée qu’en matière de vaccin, les laboratoires occidentaux se creuseraient d’autant moins les méninges que la malaria touche essentiellement l’hémisphère sud.

Le Viagra serait-il miraculeux ? Déjà glorifié par les seniors pour ses effets sur la vie sexuelle tardive, le vasodilatateur est vanté pour ses effets présumés sur la conservation de la nature. Ne détournerait-il pas les usagers de "démarreurs" moins chimiques comme la poudre de corne de rhinocéros (totalement inefficace), contribuant ainsi à la préservation d’espèces menacées ? Les statistiques – notamment en Asie – ne sont pas encore probantes. Et il ne faut pas oublier les effets collatéraux. Les résidus de Viagra évacués avec l’urine pourraient, dans le milieu naturel, exposer certains animaux à des perturbations de comportement. De même, avec des populations humaines tout à la fois dégagées de l’épuisement paludéen et de l’usure érectile, n’assistera-on pas à un baby boom bien incompatible avec les efforts du planning familial ?

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