Serge Aurier (PSG) : « Tu ramènes la CAN en Côte d’Ivoire, et où est la gratitude ? »
Coup de gueule de Serge Aurier. Définitivement transféré au Paris-SG, le jeune défenseur international ivoirien (22 ans) va disputer samedi la finale de la Coupe de France face à Auxerre. Mais si le champion d’Afrique avec les Éléphants revient sur une saison riche, il n’oublie pas de pointer du doigt l’affaire des primes de la CAN et l’attitude de la fédération à l’encontre d’Hervé Renard. Au point d’envisager de mettre entre parenthèses sa carrière internationale. Interview.
Jeune Afrique : Le Paris-SG a levé l’option d’achat (10 millions d’euros) vous concernant, puisque vous étiez prêté par Toulouse. Pourtant, vous n’avez pas beaucoup joué cette saison…
Serge Aurier : C’est vrai que je n’ai pas disputé autant de matches que je l’aurais souhaité. Mais j’ai été blessé, j’ai participé à la CAN, et au PSG, il y a une forte concurrence. Je pense avoir réalisé malgré tout une saison très correcte. J’ai délivré plusieurs passés décisives (5 en Ligue 1), et si le Paris-SG a décidé de lever l’option d’achat, c’est parce que les dirigeants sont satisfaits et croient en moi.
Arriver dans un vestiaire peuplé de joueurs aussi renommés qu’Ibrahimovic, Thiago Silva, Pastore, Matuidi ou Cavani, n’est-ce pas un peu intimidant pour un jeune joueur ?
De l’extérieur, on imagine qu’ils ne sont pas forcément accessibles. Alors que c’est tout le contraire ! Il y a dans le vestiaire une ambiance qui me plaît. Oui, il y a de grands joueurs, dont certains ont un palmarès impressionnant, mais ce qui est vraiment appréciable, c’est qu’ils ont la culture de la gagne. Ils veulent des titres. Ils sont très professionnels. Et moi, cela m’a fait progresser et me servira la saison prochaine. Ce n’est pas parce que tu rates une passe qu’ils vont te critiquer. Franchement, je n’ai pas eu de difficulté à m’adapter.
Le PSG pourrait remporter son quatrième titre cette saison s’il bat Auxerre, et la rumeur fait état des possibles arrivées de Cristiano Ronaldo, de Di Maria, de Daniel Alves ou de Xavi…
D’abord, gagner un quatrième titre au niveau national, après le Trophée des Champions, la Coupe de la Ligue et le championnat, serait historique pour le club. Il y a un projet très précis au PSG : remporter la Ligue des Champions. Et tous les ans, il faut s’attendre à ce que de grands joueurs arrivent. C’est un club ambitieux et qui veut se donner les moyens de faire partie des meilleurs. Il y a un niveau d’exigence très élevé. Moi, cela me convient parfaitement.
Hervé Renard quitte la Côte d’Ivoire moins d’un an après son arrivée, pour rejoindre Lille. Que vous inspire son départ ?
Je suis triste, car c’est un entraîneur qui compte beaucoup pour moi. Il m’a toujours fait confiance, même quand je jouais peu au PSG. Le problème, c’est que la fédération n’a rien fait pour le garder. On ne lui a pas donné tous les moyens pour travailler. Quelque part, on l’a forcé à prendre cette décision. Il a réussi à qualifier la Côte d’Ivoire pour la CAN alors que ce n’était pas facile, on a bossé comme des fous à Dubaï pour préparer la phase finale, on la gagne et finalement, on a l’impression qu’il y a des personnes en Côte d’Ivoire qui pensent plus à leurs propres intérêts qu’au collectif.
Vous faites allusion à l’affaire des primes ?
Oui. Ce qui s’est passé est anormal, décevant. C’est une simple question de respect. Personnellement, ce ne sont pas les primes en sélection qui me font vivre. Ce que je viens chercher quand je suis avec les Éléphants, ce sont les émotions. Mais je pense surtout aux joueurs locaux, pour qui ces sommes sont très importantes. Il y a des gens, parmi ceux qui dirigent le foot ivoirien, qui ne respectent pas le groupe et ce qu’il a fait en Guinée Equatoriale. Tu fais les efforts pour ramener la CAN au pays, et où est la gratitude ?
Cet épisode peut-il impacter négativement la dynamique de la sélection ?
On peut le craindre. En ce qui me concerne, je ne suis pas certain de disputer le match amical au Gabon le 12 juin. Depuis que je joue pour la sélection, j’avais l’habitude d’une organisation carrée. Mais cette affaire de primes et l’attitude vis-à-vis de Renard me font réfléchir. Je n’ai pas envie quand je suis avec les Éléphants d’être tracassé par ce genre de problèmes. Nous avons été trahis par certaines personnes. Vous savez, entre joueurs, on se parle beaucoup. Et je ne suis pas le seul à être déçu. Il faut peut-être s’attendre à ce que les cadres de la sélection prennent les choses en main. Je n’avais rien dit jusqu’à maintenant, mais j’estime que c’est le moment. Car ces faits peuvent mettre en danger l’équipe. Il faut que des choses changent. Mais il faut qu’elles changent vite…
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