Procès Habré: Wade menace de remettre à l’UA l’ancien dictateur tchadien

Le président sénégalais Abdoulaye Wade, reprochant à la communauté internationale un manque de soutien financier pour organiser le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré, menace désormais de le remettre à l’Union africaine (UA).

Publié le 3 février 2009 Lecture : 2 minutes.

"Finalement, l’histoire d’Hissène Habré va se retourner contre le Sénégal. Certains nous accusent de ne pas vouloir le juger, mais qu’ils comprennent que l’on ne nous donne pas les moyens de le juger", a assuré M. Wade dans un entretien à l’AFP en marge du sommet de l’UA à Addis Abeba.

Interrogé pour savoir ce qu’il comptait faire en l’absence de financements, M. Wade a évoqué deux options: "ou je le renvoie chez lui" mais dans ce cas, a-t-il estimé, c’est l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno "qui va avoir des problèmes"; "ou je le renvoie au président de l’UA", devenu lundi pour un an le leader libyen Mouammar Kadhafi.

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Le président sénégalais a souligné qu’il y avait "un précédent" avec le cas de l’ex-président du Liberia Charles Taylor, qui fut "envoyé au Nigeria" dont le chef de l’Etat de l’époque Olusegun Obasanjo assurait la présidence de l’UA.

M. Wade affirme que le Sénégal — chargé il y a deux ans et demi par l’UA de juger Hissène Habré qui réside dans ce pays — ne veut pas enterrer le dossier de l’ancien président tchadien accusé de "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture".

"J’ai accepté premièrement parce que je sais que sinon aucun autre Etat n’aurait accepté (. . . ) et parce que je suis contre l’impunité", a-t-il dit.

"Deuxièmement, je ne veux pas qu’un chef d’Etat africain soit jugé à l’extérieur. Alors il faut bien qu’on le juge ici, en Afrique".

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Mais il met en avant la difficulté de financer le procès: "j’ai dit dès le départ que le Sénégal ne paierait pas les frais de ce procès et c’est là où le bât blesse".

"Tout le monde fait des promesses", a-t-il souligné, citant l’Union européenne, l’ONG Human Rights Watch ou le président Nicolas Sarkozy qui "a annoncé que la France allait participer". "On n’a pas vu cette participation (. . . ) Idriss Déby a annoncé deux milliards (de francs CFA, 3 millions d’euros), nous les cherchons partout et on ne les a pas encore trouvés, a ironisé M. Wade.

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"Le président Sarkozy m’a écrit récemment parce que j’avais dit que je risquais de rendre le dossier (. . . ) Il s’en est ému, m’a écrit pour me dire +non, le Sénégal pays démocratique, ne peut pas faire ça+".

Lundi, le ministère français des Affaires étrangères a assuré que Paris demandait au Sénégal "de présenter un budget et un calendrier crédibles" pour le procès.

Selon M. Wade, "le Sénégal avait fait un projet et on l’a révisé avec les partenaires qui doivent financer le projet". "Mais comme ça traînait un peu trop, j’ai dit que je refuse que le Sénégal gère l’argent du procès".

"Dès qu’on aura la totalité de l’argent et la personne pour le gérer, on fera le procès (. . . ) Maintenant il faut que cet argent soit réellement et totalement disponible avant que le Sénégal ne s’engage dans ce jugement, parce qu’on peut parfaitement commencer et après nous laisser avec le dossier et ce serait une catastrophe", a-t-il conclu.

Les bailleurs de fonds potentiels ont jugé trop élevé le budget prévisionnel, d’un montant de 18 milliards de FCFA (27,4 millions d’euros), dont les deux tiers partiraient en frais de fonctionnement.

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