Les opposants contre le « tripatouillage » de la Constitution

Le CDP, parti du président burkinabè Blaise Compaoré, a émis le souhait de revisiter la Constitution. L’idée : modifier « éventuellement » le nombre de mandats présidentiels, actuellement limité à deux. L’opposition craint une « monarchisation » du pouvoir.

Publié le 27 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs opposants ont refusé lundi "le tripatouillage de la Constitution" au Burkina Faso après le souhait émis par le parti au pouvoir de "revisiter" le texte fondamental en modifiant éventuellement la limitation des mandats présidentiels.

"Le peuple burkinabè doit refuser dès à présent le tripatouillage de la Constitution", a indiqué le président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), Me Bénéwendé Sankara. Il s’agit du principal parti d’opposition avec 5 députés sur 111.

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"On ne peut pas continuer à tripatouiller la Constitution parce qu’on veut rester toute sa vie au pouvoir, ce n’est pas acceptable, le peuple burkinabè ne peut pas accepter cela", a-t-il ajouté.

Le parti au pouvoir "a le droit de faire des projections sur sa vision de l’avenir du pays, mais vouloir ‘éterniser’ Blaise Compaoré au pouvoir n’est pas acceptable", a poursuivi Me. Sankara, qui se réclame de l’ancien président Thomas Sankara (1983-87).

Ce député qui était arrivé second à la présidentielle de 2005 avec moins de 5% des voix a par ailleurs appelé "l’opposition à l’unité". 

"Refonder" n’est pas "monarchiser le pouvoir"

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Samedi, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a dit qu’il envisageait de "revisiter" la Constitution de 1991 en modifiant éventuellement la limitation actuelle des mandats présidentiels à deux quinquennats.

Selon la Constitution, le président Compaoré, 58 ans, peut encore être candidat en 2010 pour un dernier quinquennat.

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Ces dernières années, plusieurs chefs d’Etat africains ont amendé la Constitution pour rester au pouvoir, en supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels. La dernière tentative en date, au Niger, a plongé le pays dans une grave crise politique.

"Au lieu de dire que tout baigne, que tout va bien dans le pays, il faut reconnaître que le Burkina est en crise et engager une réforme des institutions, de l’armée, de l’économie, de la diplomatie, bref, une refondation du pays", a déclaré pour sa part l’opposant Me Hermann Yaméogo.

Mais cette "refondation" n’est "pas à confondre avec la monarchisation du pouvoir du CDP", a expliqué à l’AFP le dirigeant de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD, pas de député). M. Yaméogo est considéré comme un des principaux opposants au chef de l’Etat. 

Jouer les prolongations

De son côté, Jean Mathias Liliou, secrétaire général de la Confédération syndicale du Burkina (CSB), n’exclut pas "dans les jours à venir", une "réunion des syndicats pour apprécier une telle décision du CDP".

"Mais je peux dire à titre personnel, qu’il serait important que dans cette commission (de réflexion que le CDP souhaite mettre en place pour ‘revisiter’ la Constitution, ndlr) figure des membres de la société civile", a-t-il souligné.

"L’article 37 (de la Constitution, relatif à la limitation des mandats présidentiels, ndlr) concerne et décide de l’avenir de ce pays", a rappelé le syndicaliste.

La presse gouvernementale n’a fait aucun commentaire à ce sujet lundi, se contentant de compte-rendus du congrès du parti présidentiel.

Mais le Quotidien privé L’Observateur Paalga est plus direct: "Une chose est sûre alors qu’on parle ces derniers temps de ‘patrimonialisation’ du pouvoir, qu’on suspecte sérieusement Blaise Compaoré de vouloir jouer à nouveau les prolongations ou de préparer son frère (cadet) François à la succession, ‘revisiter’ la Constitution réveille forcément de mauvais souvenirs".

Selon le journal, "chez bien des Burkinabè, (. . . ) les manipulations constitutionnelles dans (le) pays visent rarement ‘l’approfondissement de la démocratie’".

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