En Guinée, la longue recherche de dizaines de disparus

Le 28 septembre à Conakry, plus de 150 opposants guinéens ont été massacrés par les forces de sécurité, selon l’ONU. Mais des dizaines de personnes ont également été arrêtées. Et près d’un mois plus tard, leurs familles continuent à les chercher.

Publié le 24 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

"Nous recevons des plaintes du matin au soir de parents de personnes disparues", a expliqué Thierno Maadjou Sow, président de l’organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH).

Plusieurs agents de l’OGDH sont déployés sur le terrain pour recueillir des informations et procéder au recensement de toutes les victimes de ces évènements au cours desquels des femmes ont été violées. A la faveur de la visite en début de semaine du sous-secrétaire général de l’Onu chargé des affaires politiques, Haïlé Menkerios, en mission préparatoire pour la mise en place d’une commission internationale d’enquête, l’OGDH a remis une liste de plus de 80 personnes qui seraient en détention.

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Ces gens, dont les familles n’ont aucune nouvelle depuis, seraient retenus pour certains au camp "Alpha Yaya", la principale caserne du pays où réside actuellement le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara. D’autres seraient retenus à la prison centrale, dans les locaux de garde présidentielle ou sur l’île de Kassar, près de Conakry.

Saisir la justice locale et internationale

"Il est très urgent de libérer ces personnes détenues dans des conditions dégradantes et inhumaines et dont la vie est en danger", réclame l’OGDH. L’opposant Mouctar Diallo a expliqué avoir été contacté à plusieurs reprises par un père de famille sur le cas de son fils disparu.

Pour l’ONG guinéenne, il "est important aujourd’hui de savoir le nombre exact de personnes arrêtées, disparues" en vue d’"établir définitivement le nombre de tués". Ce recensement est également destiné à mettre en place une association des filles et des femmes violées et les amener à porter plainte.

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"En Guinée, seule la victime peut porter plainte, les ONG juridiquement n’en n’ont pas la possibilité", explique un juriste guinéen ayant requis l’anonymat. "Pour aller à la Cour pénale internationale (CPI), il faut épuiser le recours interne, c’est une obligation", poursuit le juriste.

Pour lui, "ce recours sera très rapide, parce que les personnes qui ont été impliquées, ne pourront jamais être traduites devant une juridiction guinéenne". "Les éléments rassemblés sont constitutifs de crime contre l’humanité, la CPI peut s’en saisir", a-t-il conclu.

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La peur paralyse la population

Pour sa part, le Premier ministre guinéen, Kabiné Komara a déclaré que "la justice est le contraire de l’impunité et la condition première de la paix.

Mais la recherche des disparus du 28 septembre intervient alors que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, avec la multiplication d’exactions et d’atteintse axu droits de l’homme. Le chef de la lutte contre le grand banditisme, Moussa Tchéboro Camara a même fait état, mercredi à la télévision nationale, de 12 assassinats ciblés à Conakry depuis le 28 septembre, pour "semer la terreur".

"Dès 18 heures, à la tombée de la nuit la population des quartiers populaires se terre chez elle, de peur d’être abattue par un militaire", explique Diallo, un habitant du quartier Hamdallaye.

Et les dirigeants de l’opposition, initiatrice de la manifestation réprimée du 28 septembre, ont déserté leur domicile et dorment dans des lieux différents trois à quatre fois par semaine.

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