Accord de sortie de crise : Dadis reste en exil, élection présidentielle dans six mois

 Après plusieurs jours de négociation au sommet à Ouagadougou, Moussa Dadis Camara et le général Sékouba Konaté ont signé un accord, sous l’égide de Blaise Compaoré. Le texte prévoit que Dadis prenne « librement un temps de convalescence » et qu’une élection présidentielle se tienne dans « six mois ». L’opposition, qui devait désigner le Premier ministre de la transition, a proposé deux noms : Jean-Marie Doré et Rabiatou Sérah Diallo.

Moussa Dadis Camara, en civil, signe l’accord le 15 janvier. Il n’a pas pris la parole. © AFP

Moussa Dadis Camara, en civil, signe l’accord le 15 janvier. Il n’a pas pris la parole. © AFP

Publié le 16 janvier 2010 Lecture : 4 minutes.

 

Mise à jour à 20h23 le samedi 16 janvier 2010

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Un accord de sortie de crise en Guinée a été signé vendredi à Ouagadougou, prévoyant un maintien "en convalescence" à l’étranger du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, et la tenue d’une présidentielle dans "six mois".

 

Après deux jours de difficiles tractations, l’accord a été signé par le capitaine Camara, apparu amaigri et avec une longue cicatrice sur le crâne, le président intérimaire le général Sékouba Konaté et le médiateur dans la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré, a constaté l’AFP.

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Jean-Marie Doré et Rabiatou Sérah Diallo candidats au poste de Premier ministre de la transition

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Dans le même temps, les opposants à la junte, incapables de s’entendre, ont proposé deux noms au poste de Premier ministre de transition: l’opposant Jean-Marie Doré, porte-parole des Forces Vives, et la leader syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG). Ils laissent ainsi le choix au général Konaté de le désigner à leur place.

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"Les deux personnes proposées au poste de Premier ministre (…) doivent se rendre à Ouagadougou pour consultations", a indiqué à l’AFP le lieutenant Mohamed Kassé, attaché de presse du président de transition et nouvel homme fort du pays, le général Sékouba Konaté.

 

"Ils doivent rencontrer le facilitateur (le président burkinabè Blaise Compaoré), le général Konaté, ainsi que le capitaine Moussa Dadis Camara dans le cadre de la transition", a-t-il ajouté. Mais les deux opposants se trouvaient toujours à Conakry samedi à la mi-journée.

 

Selon l’accord, le chef de la junte, 44 ans, blessé à la tête par balle lors d’une tentative d’assassinat le 3 décembre, "prend librement un temps de convalescence tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition", selon le texte de l’accord qui ne précise pas s’il restera au Burkina.

 

Au cours de la cérémonie de signature de l’accord vendredi, Moussa Dadis Camara était habillé en civil, avec des lunettes de vue. Cette tenue contrastait avec celles de commando parachutiste, larges lunettes de soleil et béret rouge, qu’il affectionnait en public avant le 3 décembre. Il marchait seul, sans aide, mais lentement. Le visage figé, il n’a pas parlé durant la cérémonie.

 

La communauté internationale, France et Etats-Unis en tête, redoutait plus que tout un retour en Guinée du capitaine Camara, mis en cause avec d’autres par des enquêteurs de l’ONU pour sa participation au massacre de plus de 150 opposants le 28 septembre à Conakry.

  

L’accord de Ouagadougou prévoit aussi la création d’un "conseil national de transition (CNT), organe politique délibérant, dirigé par une personnalité religieuse", la mise en place d’un "gouvernement d’union" dirigé par un "Premier ministre, président du conseil des ministres, issu du Forces vives" (opposition, syndicats et société civile), et l’organisation d’une élection présidentielle "dans six mois".

 

 

normal"Le CNDD va disparaître"

 

"Le général Konaté est le président de la transition et chef de l’Etat pour une durée de six mois, Dadis reste et demeure président du CNDD" (Conseil national pour la démocratie et le développement), la junte au pouvoir, a précisé Mohamed Kassé.

 

"Mais le CNDD va disparaître car il sera remplacé par le Conseil national de transition (CNT) et les militaires vont rentrer dans les casernes. Les pleins pouvoir de la transition reviennent au général Konaté mais après les élections, automatiquement, il va rendre le tablier", a-t-il assuré.

 

Le document stipule que "les membres du Conseil national de transition, le chef d’Etat de transition, les membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte), le Premier ministre, les membres du gouvernement d’union nationale et les membres de forces de défense et de sécurité en activité" ne participeront pas à ce scrutin crucial.

 

Cet accord intervient après de difficiles tractations de haut niveau entamées mercredi soir à Ouagadougou.

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Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, s’est félicité "de l’évolution positive de la situation en Guinée" concrétisée par l’accord conclu à Ouagadougou le 15 janvier, indique samedi un communiqué diffusé à Addis Abeba.

 

"Le président de la Commission réitère l’appui de l’UA aux efforts du médiateur, le président Blaise Compaoré. Il encourage les parties guinéennes à persévérer dans leurs efforts, en vue du retour rapide à l’ordre constitutionnel", ajoute le texte.

 

Le capitaine Camara était arrivé d’une manière inopinée mardi soir dans la capitale burkinabè, après plus d’un mois d’hospitalisation au Maroc.

 

La communauté internationale soutient le chef intérimaire de la junte qui s’est dit prêt à partager le pouvoir avec l’opposition. Le 6 janvier, il avait annoncé que le Premier ministre de la transition serait "issu de l’opposition" et "désigné par elle-même".

 

"Dans la mesure où nous n’arrivons pas à nous entendre sur une candidature unique des Forces vives, nous avons proposé deux candidats", a déclaré vendredi à l’AFP M. Mamadou Bah Baadiko, président de l’Union des forces démocratiques (UFD).

 

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Les deux candidats au poste de Premier ministre ont salué l’accord de sortie de crise.

 

Pour le porte-parole des Forces vives, Jean-Marie Doré, le général Konaté "aura désormais les coudées franches pour entamer les réformes et achever la transition dans la paix".

 

La leader syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo a pour sa part appelé toutes les parties à "aller vite" pour "sortir le pays de la crise".

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