Mamadou Tandja renversé, trois colonels prennent le pouvoir

Victime d’un coup d’Etat jeudi, le président nigérien a été renversé par trois colonels qui ont institué un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Il serait maintenu par les militaires avec son aide de camp dans un garnison située aux abors de la capitale, Niamey.

Le président nigérien Mamadou Tandja, renversé par un coup d’Etat © AFP

Le président nigérien Mamadou Tandja, renversé par un coup d’Etat © AFP

Publié le 19 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Mamadou Tandja a été renversé par un coup d’Etat le jeudi 18 février. Le président nigérien, 71 ans, et son aide de camp "seraient retenus" dans la garnison de Tondibia", située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, ont dit auparavant à l’AFP des responsables sous couvert d’anonymat. Plusieurs ministres, d’après ces sources, seraient quant à eux retenus dans les locaux du Conseil supérieur de la communication, près du palais présidentiel.

Des témoins ont fait état de tirs nourris dans la journée, notamment autour de la présidence, avec des combats à l’arme lourde dans les rues de la Niamey et autour de la présidence. La capitale était survolée par des hélicoptères de l’armée. Dans la soirée, la radio officielle a suspendu ses programmes pour diffuser de la musique militaire.

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Aucun bilan officiel sur d’éventuelles victimes n’avait été communiqué jeudi soir, mais, ont raconté des témoins et une source médicale, au moins trois ou quatre soldats ont été tués -dans un blindé visé par un obus – et "une dizaine" de militaires ont été blessés jeudi à Niamey.

Trois colonels à la tête du Niger

Un « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSDR) a été installé dans la soirée. Celui-ci s’est doté d’un président: le chef d’escadron Salou Djibo. Le CSDR a en outre décrété un cessez-le-feu et fermé les frontières du pays. Derrière ce nouveau coup d’Etat nigérien se trouvent trois colonels. Le colonel Pelé, d’abord. De son vrai nom Djibrilla Hima Hamidou, il commande la zone de défense numéro 1 de Niamey ("Tillabery Dosso") et doit son surnom de "Pelé" à sa passion pour le football. Il est d’ailleurs président de la Fédération nigérienne de football (Fénifoot). Pelé avait déjà participé au précédent coup d’Etat de 1999 mené par le commnadant Wanké, dont il était devenu le porte-parole. En 2000, Mamadou Tandja le nomme commandant de la compagnie des blindés.

Deuxième homme fort du nouveau régime, le colonel Harouna Adamou est commandant de la compagnie d’appui, les fameux "bérets verts" des blindés. Ce sont eux qui ont mené l’essentiel des opérations, ce jeudi 18 février 2010. Issu d’une famille de militaires, il a également participé au coup de 1999.

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Le troisième homme, c’est le colonel Goukoye Abdul Karim, chef du renseignement militaire. Jusque-là le porte-parole de l’armée, c’est lui qui, en juillet dernier, avait appelé les troupes à rester dans leur caserne au nom d’une armée « républicaine ». Il est aujourdh’ui porte-parole du CSDR.

La garde présidentielle impliquée

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Paris a demandé jeudi aux Français de Niamey de rester chez eux. Selon une source diplomatique française, qui déclaré que la garde présidentielle a pris part à ce coup de force, "on savait qu’une partie de l’armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque-là cette partie très minoritaire". "Il y a tradition de coup d’Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite", a-t-elle ajouté.

Après dix ans de pouvoir, M. Tandja avait dissous l’année dernière le Parlement et la Cour constitutionnelle et obtenu une prolongation controversée de son mandat pour au moins trois ans à l’issue d’un référendum en août. L’opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives controversées en octobre, avait dénoncé un coup d’Etat et la communauté internationale a fustigé les agissements du président.

Mercredi, le Premier ministre du Niger Ali Badjo Gamatie avait annoncé un Conseil des ministres "important" pour jeudi.

Dans l’après-midi jeudi, des soldats étaient déployés autour du palais présidentiel et dans les rues adjacentes, a constaté l’AFP. Un témoin a rapporté avoir entendu des coups de feu lorsqu’il se trouvait à la présidence. "Il y avait des armes lourdes (. . . ) et des obus. Je vois une fumée vers le bureau du président", a-t-il dit sur Radio France internationale vers 14H00 GMT. Une source affirmant se situer à environ un kilomètre de la présidence a indiqué vers 15H00 GMT ne plus entendre "depuis une bonne heure" les tirs en rafales et d’arme lourde.

Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, a rappelé que l’UA condamnait "l’usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique". La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui avait tenté une médiation au Niger, a également "condamné une fois de plus tous les actes destinés à parvenir ou à se maintenir au pouvoir par des moyens non constitutionnels".

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