Le régime de transition veut sanctionner l’opposition
Les membres de la Haute autorité de transition (HAT), soutenant le président Andry Rajoelina, veulent priver les personnalités de l’opposition du droit de quitter le territoire, ainsi que bloquer leurs comptes en banques locaux, en contrepartie des sanctions édictées mercredi contre le régime au pouvoir à Madagascar.
![Le leader controversé de Madagascar Andry Rajoelina, le 6 novembre 2009 à Addis Abeba. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/03/22/022032010085201000000rajoelina.jpg)
Le leader controversé de Madagascar Andry Rajoelina, le 6 novembre 2009 à Addis Abeba. © AFP
Dans un communiqué transmis dimanche à l’AFP, la HAT "préconise" un certain nombre de mesures contre les trois mouvances qui s’opposent à celle de M. Rajoelina.
Parmi elles, "une interdiction de sortie de territoires des leaders des trois mouvances", et "un gel de (leurs) avoirs sur le territoire national".
La Hat réclame aussi "des poursuites à l’endroit de (l’ancien président Marc) Ravalomana, pour corruption, atteinte à la sûreté de l’Etat et haute trahison en connivence avec des factions extérieures".
M. Ravalomanana, ainsi que Didier Ratsiraka, autre président en exil, seraient aussi frappés "d’interdiction de retour au pays".
Interdiction des manifestations
Le document réclame en outre des mesures "à l’encontre de quiconque oeuvrant pour l’anarchie", notamment l’interdiction de tout manifestation "portant atteinte à la paix et à la sécurité publique" et "la cessation de tout processus d’ouverture ou de partage du pouvoir envers ceux qui ne visent que le blocage et l’enlisement de la crise".
La HAT, composée de politiciens ayant soutenu Andry Rajoelina au début de son mouvement, est aujourd’hui un organe essentiellement consultatif, et ces mesures de rétorsion à l’encontre de l’opposition devront être étudiées par la présidence et le gouvernement.
Cette annonce intervient deux jours après que l’Union africaine (UA) a décidé d’imposer des sanctions à l’actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, ainsi qu’à une centaine d’autres personnalités de son régime, dont les 37 membres de la HAT, pour leur entrave au processus de sortie de crise. Ces sanctions comprennent des refus de visas (interdiction de voyager) et le gel d’avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers.
Elles sont justifiées par le refus d’Andry Rajoelina d’appliquer les accords consensuels signés à Maputo et à Addis Abeba courant 2009 et prévoyant un partage du pouvoir entre les quatre mouvances impliquées dans la sortie de crise.
La HAT a par ailleurs lancé un appel à la communauté internationale de "ne pas cautionner des sanctions inappropriées initiées par l’UA" et menace de prendre "des mesures conventionnelles, en cas d’ingérence, à l’endroit de certaines personnalités étrangères", citant le cas de l’ambassadeur américain.
M. Rajoelina est sorti de ce cadre depuis décembre en limogeant le Premier ministre de consensus et en annonçant unilatéralement la tenue prochaine d’élections législatives.
Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l’éviction en mars 2009 du président Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ancien maire d’Antananarivo M. Rajoelina, soutenu par l’armée.
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