Cellou Dalein Diallo rend Alpha Condé responsable des violences ethniques
Le candidat malheureux à la présidentielle en Guinée, Cellou Dalein Diallo, a accusé dimanche le vainqueur Alpha Condé d’avoir « provoqué » des violences ethniques survenues depuis octobre et n’envisage pas pour l’instant de s’associer avec lui dans un gouvernement.
« Je suis un démocrate, mais j’ai de la peine à travailler avec Alpha, parce que toutes ces violences ethniques, c’est lui qui les a provoquées », a affirmé M. Diallo dans un entretien accordé à l’AFP à Conakry.
« J’ai des problèmes à m’associer à des gens qui ont montré vraiment leur hostilité, leur haine, pour la communauté à laquelle j’appartiens (les Peuls) et qui ont pris des initiatives pour le marquer », a-t-il ajouté.
Il faisait notamment référence aux agressions ayant visé spécifiquement les Peuls les 22, 23 et 24 octobre dans des villes de Haute-Guinée, bastions du candidat Alpha Condé (d’ethnie malinké). Ces violences s’étaient produites après la propagation d’une rumeur selon laquelle « les Peuls avaient empoisonné l’eau » distribuée au cours d’un meeting de M. Condé à Conakry.
« On n’a pas dit "c’est un citoyen" (peul) (qui a empoisonné l’eau, ndlr), on a dit "ce sont les Peuls", pour susciter la haine contre cette communauté », a affirmé M. Diallo.
Cellou Dalein Diallo "réfléchit"
M. Diallo a toutefois indiqué qu’il était en train « de réfléchir » avec la direction de son parti sur « l’attitude à prendre », une fois que les résultats provisoires de la présidentielle auraient été confirmés par la Cour suprême, au plus tard le 2 décembre.
Selon les résultats provisoires proclamés le 15 novembre, Alpha Condé l’a emporté avec 52,5 % des voix contre 47,5 % à Cellou Dalein Diallo.
Depuis, M. Condé prône la « réconciliation nationale » et la mise en place d’un large gouvernement d’union nationale. Dans une interview à France 24, il a souhaité que « tous les Guinéens se donnent la main », tout en jugeant que « les gens exagèrent beaucoup les problèmes ethniques en Guinée ».
Du 15 au 17 novembre, des violences avaient éclaté dans des fiefs de M. Diallo, juste avant et après l’annonce de la victoire de M. Condé. À Ratoma (commune de Conakry), les partisans de M. Diallo avaient ainsi dressé des barrages et affronté, à coups de pierre, les forces de l’ordre. Des bagarres avaient aussi opposé des Peuls et des Malinkés, selon des témoins.
Au moins sept personnes avaient été tuées pendant la répression de ces violences à Ratoma (Conakry) et dans des villes de Moyenne-Guinée (nord), dont cinq auraient été victimes de tirs des forces de l’ordre, selon un décompte de l’AFP.
Des ONG ont comptabilisé 10 à 12 morts et dénoncé « l’usage disproportionné de la force » par les policiers et gendarmes accusés de violences « à l’égard de la communauté peule ».
Pour prévenir de nouvelles violences, l’état d’urgence a été décrété le 17 par le président du régime de transition, le général Sékouba Konaté. Depuis, aucun incident n’a été signalé.
« Apparemment il y a le calme, mais les gens […] souffrent de la brutalité de la répression dirigée contre un groupe de la population », les Peuls, a affirmé M. Diallo. « On continue à arrêter, chercher, ceux qui avaient manifesté partout en Moyenne-Guinée », a soutenu M. Diallo, parlant de « chasse à l’homme ».
« Je suis parfois considéré comme quelqu’un qui fait trop de concessions. J’ai de plus en plus de mal à me faire entendre », a-t-il conclu.
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