L’Algérie réfléchit aux réformes… mais sans l’opposition
Alors que débutent ce samedi les consultations de la classe politique et de la société civile sur les réformes en chantier en Algérie, les partis d’opposition sont exclus des discussions. La plupart d’entre eux avaient rejeté l’initiative présidentielle de réformer le pays.
Les consultations ordonnées par le président Abdelaziz Bouteflika en faveur de réformes politiques en Algérie commencent samedi 21 mai, sans la participation de plusieurs partis et personnalités d’opposition qui n’en attendent rien.
Elles préparent l’introduction avant la fin de l’année de réformes promises par le président dans son discours du 15 avril, en réponse aux incessantes manifestations sociales et politiques.
Des choix polémiques
Le projet tend à une "vision nationale globale qui soit le reflet, à travers les lois qui seront révisées et le projet de révision de la constitution, des point de vues et propositions de la majorité du peuple", selon un communiqué publié vendredi par la présidence où se tiendront ces consultations.
Les partis politiques "agréés" seront invités, alors que de nombreux autres attendent depuis des années de l’être. Il y aura aussi les "personnalités nationales et les acteurs de la société civile" qui seront "contactés officiellement" et seront reçus d’ici la fin juin.
Les premiers à l’être dans la matinée sont le président du mouvement El-Islah (islamiste), Djamel Benabdessalam. Il sera suivi du candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2009 Mohand Oussaid Belaid, connu sous le nom de Mohamed Saïd, un ancien journaliste entré en diplomatie et en politique.
Le président du Conseil de la Nation (Sénat) Abdelkader Bensalah, a été chargé de les entendre, flanqué de deux conseillers du chef de l’Etat, le général Mohamed Touati et l’ancien ministre Mohamed Ali Boughazi.
Le choix de ces personnalités suscite nombre de critiques.
"Pas de bricolage"
Ainsi juge Moussa Touati, le chef du parti d’opposition Front National Algérien (15 députés): "Bouteflika ne peut pas choisir une personnalité neutre". Le chef de l’Etat "doit défendre et protéger le système" qui l’a placé à ces fonctions, estime-t-il sans dire si son parti boycottera ces consultations.
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 19 députés, opposition) de Saïd Sadi, rejette l’initiative présidentielle.
"L’époque des bricolages politiques est révolue", affirme le RCD, membre de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD) née début janvier après les émeutes sanglantes contre la cherté de la vie, qui avaient fait cinq morts et des centaines de blessés.
Ce projet, dit-il, est un "monologue contre le changement".
Même refus du Front des Forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, qui a boycotté les dernières élections de 2007.
"Nous attendons des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l’Etat, et non pas du bricolage", déclare son premier secrétaire, Karim Tabbou.
Dans le sillage des révolutions arabes
Dans le camp du pouvoir, au sein de l’Alliance tripartite tout le monde est fin prêt. Le Front de libération nationale (FLN, 136 députés) a créé cinq groupes de travail composés de cadres du parti, de professeurs et de spécialistes en jurisprudence constitutionnelle pour élaborer ses propositions.
L’autre parti de l’Alliance, Rassemblement national démocratique (RND, 62 députés) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, attend des réformes une réponse "aux attentes de la majeure partie de la classe politique" et le troisième, le Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste, 51 députés) y voit "un pas en avant".
Tous les jours quasiment depuis le début de l’année, des manifestations, marche, sinon émeutes, émaillent la vie des Algériens. Les protestataires réclament des augmentations de salaires, auquel le gouvernement répond au coup par coup, mais aussi de l’emploi, des logements ou montrent tout simplement le mal-être d’une jeunesse qui se sent oubliée, dans le sillage des révolutions arabes en cours.
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