Présidentielle en RDC : l’opposant Tshisekedi met en garde le président sortant Kabila
Le principal candidat de l’opposition congolaise Etienne Tshisekedi a lancé samedi une mise en garde au président sortant Joseph Kabila et dénoncé les premiers résultats partiels de la Commission électorale (Céni) en RDC où la tension est encore montée d’un cran.
Kabila obtient 3.275.125 voix (51%) et Tshisekedi 2.233.447 voix (34%), selon des résultats provisoires donnés samedi province par province par le président de la Céni, le pasteur Daniel Mulunda, sur un total de 33,3% des quelque 64.000 bureaux de vote.
Dans sa première réaction publique depuis le début de l’annonce vendredi des premiers résultats, M. Tshisekedi a d’emblée rejeté ces résultats.
"Non seulement l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, le le parti de Tshisekedi ) rejette ces résultats, mais met en garde M. Ngoy Mulunda (le président de la Céni) et (le président Joseph) Kabila pour qu’ils respectent la volonté du peuple congolais dans la publication des résultats" qui suivront, a-t-il déclaré à son domicile dans un quartier populaire de Kinshasa.
"Dans le cas contraire, ils (Mulunda et Kabila) risquent de commettre des actes suicidaires", a averti le dirigeant de l’UDPS, sous les applaudissements de cadres et militants de son parti.
M. Tshisekedi, 78 ans, a par ailleurs appelé les Congolais à "rester vigilants" et annoncé qu’"en cas de besoin" il lancera un "mot d’ordre", sans toutefois donner davantage de précisions.
Kabila et Tshisekedi en tête selon la Ceni
Du côté de la coalition de partis de la Majorité présidentielle (MP), son secrétaire général Aubin Minaku a salué l’attitude "responsable" de la Céni. Selon cette dernière, Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi devancent dans cet ordre les neuf autres candidats du scrutin présidentiel du 28 novembre, selon des résultats partiels portant sur 33% des bureaux de vote, communiqués samedi par la Céni.
Kabila, selon ces résultats, est en tête dans 6 provinces (Bandundu, Katanga, Maniema, Province orientale, Nord et Sud Kivu) et Tshisekedi dans les 5 autres (Bas Congo, Equateur, Kasaï Occidental et Oriental, et Kinshasa).
Toutefois, le taux de bureaux de vote dont les résultats ont été compilés varie selon les provinces. Il est notamment de 55% au Katanga, une région favorable à Kabila où il recueille 1,4 million de voix contre 141.616 à Tshisekedi. En revanche le taux est de seulement 3,33% à Kinshasa (3,3 millions d’électeurs), où Tshisekedi est populaire et dispose donc d’une forte réserve de voix.
Dans une déclaration commune lue par le candidat Vital Kamerhe, "l’opposition politique congolaise", qui regroupe aussi l’UDPS et le parti du président du Sénat Léon Kengo, autre candidat à la présidence, a rejeté "tout résultat partiel" et le considère comme "nul".
La totalité des résultats ne devait être annoncée que le 6 décembre, mais la Céni a décidé d’en donner de très partiels, après avoir été victime d’un piratage de son site internet où un tableau complet des résultats avait été publié pendant un court moment. De même, des chiffres fantaisistes circulent également à Kinshasa depuis le lendemain du scrutin du 28 novembre.
La diffusion des messages SMS par les opérateurs de téléphonie a été suspendue "jusqu’à nouvel ordre" à Kinshasa depuis vendredi, sur ordre du ministère de l’Intérieur, pour éviter la diffusion de "faux résultats". De nouveaux chiffres partiels devaient être annoncés dimanche.
Inquiétude
L’annonce de ces premiers résultats intervient dans un contexte marqué par la crainte de nouvelles violences, après celles qui avaient marqué la fin de la campagne jusqu’à la tenue de l’élection.
Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), au moins 18 civils ont été tués et une centaine gravement blessés principalement par les forces de sécurité entre le 26 et le 28 novembre, soit entre le dernier jour de la campagne électorale et celui du vote pour la présidentielle et les législatives.
Le gouvernement congolais a saisi la justice militaire pour qu’elle ouvre une enquête et porte plainte contre X à la suite des accusations de HRW, a annoncé samedi à l’AFP son porte-parole.
"Le gouvernement vient d’enjoindre le parquet militaire d’ouvrir une enquête. Il tient à avoir le fin mot de cette histoire, et demande avec insistance à HRW d’apporter tous éléments et informations à sa connaissance, ce qui constitue une obligation selon la loi congolaise, pour que des sanctions puissent être prises si cela s’avérait nécessaire", a déclaré M. Mende, également ministre de la Communication.
Vendredi, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU "ont insisté pour que tous les candidats oeuvrent à maintenir un environnement calme et serein, observent de la retenue et attendent les résultats".
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