La Côte d’Ivoire ferme toutes ses frontières avec le Ghana, suite à des attaques meurtrières

Le président ivoirien Alassane Ouattara a ordonné vendredi la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » des frontières avec le Ghana, après l’attaque d’un poste-frontière par des assaillants repliés dans ce pays, dernier épisode d’une série d’attaques contre les forces de sécurité.

Soldats ivoiriens autour d’un homme tué, le 21 septembre 2012, à un check-point au sud d’Abidjan. © Sia Kambou/AFP

Soldats ivoiriens autour d’un homme tué, le 21 septembre 2012, à un check-point au sud d’Abidjan. © Sia Kambou/AFP

Publié le 22 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Huit personnes, dont cinq hommes armés, ont été tués dans de nouvelles attaques survenues dans la nuit de jeudi à vendredi, à Abidjan et à la frontière avec le Ghana, fermée vendredi dans le sud, alors que la Côte d’Ivoire connaît son plus grave regain de tension depuis la crise post-électorale de 2010-2011.

Deux commissariats de police et un poste de gendarmerie ont été attaqués par des hommes armés jeudi en début de soirée, dans la commune de Port-Bouët, dans le sud d’Abidjan.

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Plus tard dans la nuit, c’est un poste-frontière dans la ville de Noé (environ 170 km d’Abidjan), à la frontière avec le Ghana qui a été attaqué. Cinq assaillants venus du Ghana ont été tués et cinq autres arrêtés, selon les autorités, qui ont fait état d’un blessé parmi les militaires ivoiriens.

"Le reste des assaillants s’est replié en territoire ghanéen. Mis au courant de la situation, le président Alassane Ouattara a informé son homologue ghanéen du repli des assaillants en territoire ghanéen et qu’il avait ordonné pour des raisons de sécurité la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes en direction du Ghana, jusqu’à nouvel ordre", a déclaré vendredi soir le ministre de la Défense, Paul Koffi Koffi, lisant un communiqué de la présidence sur la chaîne de télévision publique RTI.

Tensions

De nombreux responsables politiques et militaires de l’ex-régime ivoirien ont trouvé refuge au Ghana, qui partage une frontière de près de 700 km avec la Côte d’Ivoire, ce qui a créé des tensions entre Accra et Abidjan.

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Le président ghanéen John Dramani Mahama a cependant assuré le 5 septembre, lors d’une visite à Abidjan, qu’il ne permettrait que son pays serve de "base arrière" pour déstabiliser la Côte d’Ivoire.

Le ministre de la Défense a d’ailleurs salué la "franche coopération" entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, "renforcée par la récente visite de John Dramani Mahama.

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Le porte-parole en exil de Laurent Gbagbo, et adversaire virulent du nouveau pouvoir, Justin Koné Katinan, accusé de "crimes économiques" par Abidjan, a été arrêté le 24 août à Accra. La justice ghanéenne examine une demande d’extradition vers la Côte d’Ivoire.

Le ministre de la Défense ivorien, Paul Koffi Koffi, discure avec un militaire dans le sud d’Abidjan, où un poste de police a été attaqué, le 21 septembre 2012

© AFP

Concernant les attaques des commissariats et de la gendarmerie survenues à Abidjan, M. Koffi Koffi a évoqué de "vulgaires bandits" à la recherche d’armes.

"Nous avons fait un ratissage et nous avons récupéré les armes. Ce sont des vulgaires braqueurs qui sont responsables de cette opération", a-t-il assuré.

Plus tôt dans la journée, il avait évoqué un bilan de trois morts dans les fusillades : un assaillant, un civil et un militaire.
Ces attaques, survenant après un mois d’accalmie, se sont produites le jour même où une cérémonie militaire a rendu hommage à quinze militaires victimes de précédents assauts.

Précédentes attaques

Une vague d’attaques avait visé en août les forces de sécurité, à Abidjan, dans ses environs et dans l’ouest du pays, marquant le plus grave regain de tension en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts.

Elles avaient été attribuées par les autorités à des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo, ce que dément le parti de l’ex-chef de l’Etat, le Front populaire ivoirien (FPI).

Ces violences ont été suivies de l’arrestation de plusieurs hauts responsables du camp Gbagbo, dont le secrétaire général du FPI, Laurent Akoun, condamné à six mois de prison ferme pour "trouble de l’ordre public". Le FPI a annoncé vendredi dans un communiqué qu’il condamnait "avec la plus grande fermeté cette nouvelle vague de violence".

Le processus de réconciliation paraît en panne en Côte d’Ivoire. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Bert Koenders, a appelé à "relancer un véritable dialogue politique dans le pays".

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