Centrafrique : le rebelle Michel Djotodia élu président de la République

Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle qui a pris le pouvoir en Centrafrique le mois dernier en renversant le président François Bozizé, a reçu samedi le vernis institutionnel qui lui manquait en étant élu président de la République lors de la première session du Conseil national de transition (CNT), formé par toutes les composantes politiques du pays.

Michel Djotodia, au quartier général de la Fomac, le 14 mars 2013. © Vincent Fournier pour J.A.

Michel Djotodia, au quartier général de la Fomac, le 14 mars 2013. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 14 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle qui a pris le pouvoir en Centrafrique le mois dernier en renversant le président François Bozizé, a reçu samedi le vernis institutionnel qui lui manquait en étant élu président de la République lors de la première session du Conseil national de transition (CNT), formé par toutes les composantes politiques du pays.

M. Djotodia, qui s’était autoproclamé président après la prise de Bangui le 24 mars par les rebelles du Séléka, était l’unique candidat. Il a été élu sous les applaudissements par acclamation, sans vote. Selon une source diplomatique, l’élection était un passage obligé pour "donner un peu de légitimité" à Michel Djotodia avec "un habillage institutionnel" alors que ses hommes contrôlent le pays et la capitale.

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Elu pour 18 mois, cet homme réservé, voire mystérieux né en 1949 sans qu’on sache à quelle date exactement, aura la charge de conduire ce pays à l’histoire mouvementée vers des élections libres et démocratiques et une nouvelle constitution après les dix ans du régime Bozizé.

"Je mesure à sa juste valeur la porté et l’importance de la charge que vous venez de me confier. Je ne ne ménagerai aucun effort pour assurer de manière concertée la transition qui vient de commencer", a-t-il déclaré dans son premier discours en tant que chef de l’Etat, se posant en rassembleur et soulignant qu’il s’agissait d’une "transition". "J’en appelle au bon sens et au patriotisme de tout un chacun afin que nous puissions relever les défis importants qui s’imposent à tous", a-t-il poursuivi.

Il a énuméré "la reconstruction de l’unité nationale, la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, la recherche de la paix sociale le redémarrage de notre économie" comme les tâches fixées au nouveau pouvoir.

L’offensive rebelle lancée en décembre, accompagnée de pillages qui n’ont pas cessé, a détruit une partie du tissu économique du pays qui figurait déjà parmi les plus pauvres de la planète.

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La sécurisation de cette ancienne colonie française avec des hommes en armes partout paraît une gageure dans un pays de 5 millions d’habitants où l’administration en partie détruite n’a jamais vraiment réussi à étendre son pouvoir. Il faudra aussi éviter tout dérapage sur le plan religieux. De nombreux chrétiens craignent désormais une domination de l’islam alors que les rebelles parvenus au pouvoir sont majoritairement issus du nord musulman. M. Djotodia est d’ailleurs le premier musulman à devenir président de ce pays à majorité chrétienne.

Par le passé, le nouveau dirigeant s’était engagé à respecter les accords signés en janvier à Libreville entre les composantes politiques de la Centrafrique et qui lui interdisent de révoquer le Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de l’opposition au président Bozizé.

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La mise en place du CNT était l’une des recommandations du sommet des chefs d’Etat d’Afrique centrale réunis à N’Djamena le 3 avril qui cherchaient à normaliser la situation après la victoire militaire de la rébellion.

Ce Conseil est composé à la fois de membres du Séléka, de l’ancienne opposition au président déchu, de partisans de l’ancien régime, ainsi que d’anciens rebelles et personnalités de la société civile.

En répétant être attaché aux accords de Libreville et en acceptant les recommandations de N’Djamena, le président Djotodia, désormais plus légitime, devrait pouvoir convaincre de réintégrer son pays dans le concert international après qu’il eut été suspendu par l’Union africaine et eut vu les aides extérieures gelées.

Vendredi soir, la radio avait annoncé que le CNT était passé de 97 à 105 membres, apparemment pour satisfaire des demandes de la société civile et de certains partis politiques. Ce chiffre de 105 correspond au nombre de députés dans l’ancienne assemblée nationale, alors que le CNT est appelé non seulement à légiférer mais aussi à jouer un rôle d’assemblée constituante.

Les personnalités de la société civile composent l’essentiel du CNT qui compte également de nombreux anciens ministres et députés.

Formé en URSS, M. Djotodia a d’abord été fonctionnaire au Plan, puis consul de Centrafrique, avant d’échouer deux fois aux législatives. Il passe à la rébellion en 2005, connait l’exil puis rentre dans son pays où il fonde le Séléka ("alliance", en langue nationale sango) en juin 2012. Moins d’un an plus tard, ce maître en stratégie et communication est le nouveau président centrafricain.
 

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