Centrafrique : Bozizé visé par une enquête pour violations des droits de l’homme

Le parquet de Bangui a ouvert une enquête sur les violations des droits de l’homme commises par le président déchu François Bozizé et ses proches durant son régime et après le coup d’Etat qui l’a renversé le 24 mars, a annoncé le ministre de la Justice Arsène Sendé à la radio nationale samedi.

François Bozizé, le 8 janvier 2013 au palais présidentiel de Bangui. © AFP

François Bozizé, le 8 janvier 2013 au palais présidentiel de Bangui. © AFP

Publié le 4 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

"J’ai donné des instructions au procureur général près la Cour d’appel de Bangui, parce que des crimes et autres graves violations des droits humains ont été commis, et continuent de l’être, par l’ex-président François Bozizé, les éléments de sa garde rapprochée et certains de ses proches", a déclaré M. Sendé.

Le ministre a évoqué "des assassinats, des arrestations, séquestrations, détentions arbitraires et tortures, des destructions et incendies des maisons d’habitation, des enlèvements, exécutions sommaires et extrajudiciaires, l’incitation à la haine et au génocide, les crimes économiques, et des actes de nature à compromettre la paix civile".

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Parmi les cas d’assassinats, le ministre a cité ceux de 119 personnes qui auraient été exécutées sommairement par la garde rapprochée de François Bozizé, menée par le capitaine Eugène Ngaïkosset surnommé "le boucher de Paoua (ville du Nord-Ouest)".

Il a également évoqué la disparition en 2010 du colonel Charles Massi, ancien ministre et chef de la rébellion centrafricaine Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Il a été "arrêté en début 2010 au Tchad et remis aux autorités centrafricaines, puis exécuté par la garde rapprochée du président Bozizé", a affirmé le ministre.

Selon lui, une dizaine de personnes, supposées appartenir à la coalition Séléka – rébellion qui a pris le pouvoir et renversé le président Bozizé – ou être proches de ses dirigeants, ont également été exécutées le 23 mars (la veille de la prise de Bangui) par un officier de la garde rapprochée de François Bozizé au cimetière de Ndrès, dans le nord-est de la capitale.

Prisonniers politique

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La justice enquêtera également sur le sort de plusieurs prisonniers politiques enfermés "sur ordre de François Bozizé" dans le camp militaire de Bossembélé (150 km au nord-ouest de Bangui), devenu célèbre pour les conditions de détention insupportables, les détentions arbitraires et les tortures qui y étaient pratiquées.

M. Sendé a également évoqué l’argent public détourné, "évalué à plusieurs milliards (de Francs FCFA)", accusant François Bozizé et certains de ses proches, dont l’ancien ministre des Finances Sylvain Ndoutingaï , neveu du président déchu.

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Le ministre a enfin accusé le lieutenant Stève Yambété, dirigeant du Comité d’organisation des actions citoyenne (COAC), et Lévy Yakété, coordonnateur de la Coalition citoyenne contre les rébellions armées (COCORA), des milices pro-Bozizé très actives à Bangui avant la chute du régime, d’être responsables d’incitation à la haine et au génocide.

Enfin, selon le ministre, plus de 12.000 habitations ont été incendiées dans le nord du pays à Kaga Bandoro et dans le nord-ouest à Paoua, par des élément de la garde rapprochée de François Bozizé en 2005 et 2006.

L’ancien président Bozizé, 66 ans, lui-même arrivé au pouvoir par les armes en 2003, avait été élu président en 2005 et réélu en 2011 au terme d’un scrutin très critiqué par l’opposition. Après l’entrée des rebelles dans Bangui fin mars, il s’est réfugié au Cameroun.
 

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