Nigeria : une vidéo de l’otage Francis Collomp diffusée par ses ravisseurs

Le groupe islamiste nigérian Ansaru a diffusé vendredi une vidéo du Français Francis Collomp, document qui pourrait être une nouvelle preuve de vie de cet ingénieur enlevé en décembre 2012 dans le nord du Nigeria.

Une manifestation pour la libération de Francis Collomp le 20 janvier 2013 au Port, à la Réunion. © AFP

Une manifestation pour la libération de Francis Collomp le 20 janvier 2013 au Port, à la Réunion. © AFP

Publié le 28 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Sur cette vidéo de trois minutes postée sur internet et repérée par le réseau américain de surveillance des sites islamistes SITE, Francis Collomp, 63 ans, lit une déclaration. Un homme non-identifié portant une arme figure en arrière-plan. Barbu et portant un T-shirt blanc, Francis Collomp se présente comme étant un ingénieur de la société française Vergnet "enlevé à Rimi, dans l’Etat de Katsina le 19 décembre 2012 (et retenu en otage) jusqu’à aujourd’hui, le 25 septembre 2013". Certaines parties de sa brève déclaration ne sont pas claires mais on peut l’entendre appeler à des négociations pour sa libération.

Le 25 février 2013, l’épouse de l’otage, Anne-Marie Collomp, avait visionné une vidéo, enregistrée par les ravisseurs peu après le rapt et parvenue fin décembre aux autorités françaises, dans laquelle son mari s’adressait au président français François Hollande. Le 12 mars, elle avait déclaré que, selon le ministère des Affaires étrangères, son mari était "toujours en vie".

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Dans la deuxième moitié de la vidéo de trois minutes diffusée vendredi, la caméra se concentre sur une déclaration en arabe à l’adresse des "gouvernements de France et du Nigeria", selon la traduction fournie par SITE. La déclaration ne comporte pas de menace concrète contre la vie de l’otage, mais elle met en garde les gouvernements français et nigérian contre toute "perfidie" ou "trahison", qui amènerait une action "réciproque". Contacté par l’AFP, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Vincent Floreani, a indiqué que ses services travaillaient à "authentifier la vidéo". "On est en contact avec la famille", a-t-il ajouté.

Le frère de l’otage, Denis Collomp, a fait part de son soulagement après la diffusion de la vidéo tout en craignant pour la vie du sexagénaire."Je suis soulagé, c’est plutôt bien, même s’il a l’air toujours aussi fatigué", a déclaré Denis Collomp, joint par l’AFP dans les Alpes-de-Haute-Provence (sud-est de la France) où il réside. Toutefois, "Ansaru n’a jamais libéré un seul otage, donc c’est quand même plutôt inquiétant. On attend de trouver des processus de dialogue et d’ouverture", a-t-il dit. Il s’est par ailleurs dit inquiet pour la santé de son frère, âgé de 63 ans. "Il a subi un triple pontage il y a plus de 10 ans et on ne sait pas s’il a un traitement", a-t-il dit.

La dernière preuve de vie de cet ingénieur remontait à une vidéo du 17 avril "que le Quai d’Orsay (le ministère français des Affaires étrangères, ndlr) nous avait montrée en mai", a déclaré sa belle-soeur, Colette Collomp. "Le fait de le voir, c’est bien, mais la menace est très claire, donc encore une fois, il ne faut absolument d’assaut, des forces nigérianes notamment, car sinon il sera exécuté", a-t-elle insisté. "Il ne faut absolument pas plaisanter, Ansaru a toujours eu ce mode de fonctionnement".

Francis Collomp a été enlevé le jour de ses 63 ans lors d’une attaque de sa résidence par une trentaine d’hommes armés, lors de laquelle deux gardes du corps et un voisin avaient été tués. Ansaru avait justifié l’enlèvement par "la position du gouvernement français et des Français contre l’islam et les musulmans", évoquant l’intervention militaire à cette époque en préparation dans le nord du Mali et la loi de 2011 contre le port du voile intégral en public. Fin décembre, sa famille avait lancé un appel aux ravisseurs pour demander sa libération, rappelant qu’il était "malade" et avait "besoin d’un traitement régulier", dans une vidéo postée sur YouTube.

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Ansaru, considéré comme une faction du groupe islamiste nigérian Boko Haram, est réputé avoir des liens avec la branche maghrébine d’Al-Qaïda. Ansaru avait revendiqué l’enlèvement en février de sept employés d’un site de construction dans l’Etat de Bauchi (nord) et annoncé en mars dans une vidéo leur exécution. Il s’agissait de deux Libanais, deux Syriens, un Grec, un Italien et un Britannique travaillant pour une société libanaise. Ansaru est aussi jugé responsable de l’enlèvement, en mai 2011, d’un Britannique et d’un Italien, tués en mars 2012 lors d’une opération des forces nigérianes, appuyées par des agents britanniques, visant à les libérer.

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