RDC : nouveau front dans les combats entre l’armée et rebelles du M23

Les combats opposant l’armée congolaise et la rébellion Mouvement du 23-Mars (M23) s’étendaient samedi dans l’est de la République démocratique du Congo avec l’ouverture d’un nouveau front, malgré l’appel à la « retenue » de la mission de l’ONU soutenant les forces loyalistes.

Des soldats de l’armée congolaise déployés près de Kibati, dans l’est du pays, le 4 septembre 20 © AFP

Des soldats de l’armée congolaise déployés près de Kibati, dans l’est du pays, le 4 septembre 20 © AFP

Publié le 26 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Le nouveau front s’est ouvert dans la région de Mabenga, au nord de la zone sous contrôle du M23 et à environ 80 km au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
"L’armée mène une offensive sur l’axe Mabenga-Kahunga. Elle utilise des troupes, des chars, des mortiers", a déclaré à l’AFP un officier supérieur des Forces armées de la RDC (FARDC) sous couvert de l’anonymat.

L’armée s’était récemment renforcée au Nord-Kivu, frontalier du Rwanda et de l’Ouganda. Le M23 a confirmé l’ouverture d’un nouveau front samedi. L’armée a "lancé une nouvelle offensive sur l’axe Mabenga-Kahunga", a accusé Bertrand Bisimwa, président politique du M23. "Ils essaient de voir s’ils peuvent faire une percée, mais c’est sans espoir", a-t-il ajouté.

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Avant l’ouverture de ce front, des combats avaient déjà éclaté, comme vendredi, dans la zone de Kibumba, à environ 25 km au nord de Goma. Située sur un plateau à près de 1.800 mètres d’altitude, elle verrouille la zone contrôlée par le M23 plus au nord.

"Les combats ont repris à l’aube" samedi, a affirmé l’officier de l’armée. "Les affrontements continuent au niveau de Kibumba. Toute la nuit, c’était vraiment des détonations", a indiqué à l’AFP un défenseur des droits de l’Homme déplacé par les combats et originaire de Kibumba.

"De 05H00 à 05H30 (03H30 GMT), il y a eu des combats assez violents au sud de Kibumba. Après, jusqu’à 07H00 (O5H00 GMT), il y a eu des combats assez sporadiques", a précisé un officier de la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco).

L’armée soupçonne fortement que le M23 bénéficie du soutien du Rwanda, régulièrement accusé par l’ONU et Kinshasa d’aider les rebelles, ce que Kigali dément. "La situation est confuse. Le Rwanda tire sur nos éléments qui progressent vers Kibumba(…) Nos sources indiquent l’engagement de l’armée rwandaise", a expliqué l’officier des FARDC.

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La Monusco a indiqué avoir été alertée d’une implication présumée de l’armée rwandaise, et qu’elle cherchait à vérifier ces allégations.

"Nous sommes à un moment crucial"

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Ces combats entre l’armée congolaise et le M23, les plus violents depuis fin août, avaient commencé vendredi à l’aube près de Kibumba. Les deux camps se sont mutuellement rejeté la faute des affrontements, se félicitant chacun d’avoir gagné du terrain.

Vendredi soir, dans un communiqué, la Monusco s’était dite "extrêmement préoccupée par la reprise des hostilités". "J’exhorte les deux parties à un maximum de retenue", a lancé Martin Kobler, chef de la Mission.

Sur Twitter samedi, il a réitéré que la seule voie pour faire cesser la guerre était de signer un accord de paix: "Ces dernières semaines, nous avons fait beaucoup de progrès vers une solution pacifique. Il faut poursuivre. Nous sommes à un moment crucial, j’exhorte toutes les parties à retourner à la table de négociation".

M. Bisimwa a pour sa part martelé que "le gouvernement doit comprendre que seulement les travaux de Kampala pourront ramener la paix".

Dans un message à l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, avait rejeté vendredi toute velléité belliciste: "Tout le monde sait qui sabote ces pourparlers […] c’est le M23 au service d’un pays étranger qui compte sur la déstabilisation de la RDC pour faire main basse sur ses ressources".

Dans la journée de vendredi, des éléments de la la Monusco s’étaient déployés en appui derrière les FARDC et des hélicoptères de l’ONU avaient survolé la zone rebelle, sans tirer.

Suite aux hostilités, Kigali a signalé vendredi l’entrée de 2.500 à 3.000 réfugiés congolais. L’ONU, elle, a avancé le chiffre de 5.000 passages. L’armée rwandaise a souligné que trois obus étaient tombés au Rwanda et accusé les FARDC de "viser des civils". L’ONU a demandé une enquête, tandis que l’ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Eugène Richard Gasana, a promis des représailles en cas de récidive.

Le M23 réclame la pleine application de l’accord prévoyant notamment l’intégration de ses hommes dans l’armée en 2009. Il défend plus généralement les droits des populations congolaises rwandophones. Des experts de l’ONU ont accusé le Rwanda et l’Ouganda de soutenir la rébellion, ce qu’ils réfutent.

Le 10 septembre, des pourparlers de paix avaient repris à Kampala (Ouganda) après plusieurs mois d’arrêt. Mais leur suspension dimanche dernier avait suscité de nombreuses craintes de voir une nouvelle flambée de violence au Nord-Kivu, riche province agricole et minière déchirée par la guerre depuis une vingtaine d’années.
 

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