Libye : grève générale à Tripoli, théâtre de heurts meurtriers

Les autorités locales de Tripoli ont appelé les Tripolitains à observer une grève générale de trois jours, au lendemain d’affrontements meurtriers entre miliciens ayant fait plus de 40 morts. Si la tension était vive dans la capitale, où la plupart des commerces sont restés fermés pendant la journée de samedi, la situation semblait être redevenue calme en soirée.

Des membres des brigades rebelles de Tripoli patrouillent le 16 novembre 2013 près de Tripoli. © AFP

Des membres des brigades rebelles de Tripoli patrouillent le 16 novembre 2013 près de Tripoli. © AFP

Publié le 17 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Les Tripolitains protestent régulièrement contre la présence des milices armées -notamment celles venant d’autres régions-, qui avaient participé aux combats à Tripoli jusqu’à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en août 2011, mais étaient restées dans la capitale.

Ces groupes d’ex-rebelles sont accusés de s’adonner à toutes sortes de trafics et de pratiquer tortures, enlèvements et détentions arbitraires au secret. Le Premier ministre Ali Zeidan a appelé à l’arrêt des combats. "La situation se compliquera davantage si d’autres groupes armés entrent dans la capitale", a-t-il ajouté.

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"Une grève générale de trois jours a été décidée dans tous les secteurs publics et privés (…) à partir de dimanche", a annoncé le Conseil local de Tripoli (équivalent d’une mairie) dans un communiqué publié tard dans la soirée. Cette grève générale se déroulera "en signe de deuil" et de solidarité avec les familles des victimes de vendredi, selon le communiqué. Les Etats-Unis se sont dits pour leur part "profondément inquiets" par ces affrontements et ont appelé "toutes les parties à la retenue".

Dans l’après-midi, des miliciens venus de Misrata (environ 200 km à l’est de Tripoli), à bord de véhicules équipés de mitrailleuses ou de canons, ont tenté d’avancer vers la capitale. Selon des témoins, des affrontements ont eu lieu à Tajoura, banlieue est de la capitale, entre ces miliciens et d’autres milices rivales. Les hommes de Misrata ont reculé par la suite de quelques kilomètres, selon les mêmes sources.

Des violences avaient éclaté vendredi quand des membres de cette milice, positionnée dans le quartier de Gharghour (sud), ont tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ de la capitale.En représailles, des hommes armés ont délogé la milice de son QG, au prix d’affrontements meurtriers, et ont en partie incendié les lieux. Des hommes, arrivés en renfort dans la nuit de Misrata, ont repris le contrôle du QG.

Les violences de vendredi ont fait au moins 43 morts et plus de 450 blessés, a indiqué à l’AFP le ministre de la Santé, Noureddine Doghmane, qui n’a cependant pas fait de distinction entre les manifestants tués par les tirs et les combattants morts dans les affrontements ayant suivi.

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"Les hommes de Kadhafi n’étaient pas aussi sauvages"

Samedi, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place des Martyrs, au coeur de Tripoli, pour les funérailles des victimes de la veille. Des dizaines de jeunes ont scandé des slogans contre les milices et appelé à la reconstruction de l’armée. "Même les brigades de Kadhafi (l’ancien dirigeant libyen) n’avaient pas tiré sur des manifestants avec cette sauvagerie", s’est indigné Hamouda, la quarantaine.

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Selon un photographe de l’AFP, la route longeant la mer vers l’est depuis le centre-ville a été fermée à la circulation. Des combattants de Tripoli juchés sur des pick-up munis de canons anti-aériens étaient rassemblés à l’entrée est de la capitale. Leurs chars étaient également postés sur les principaux carrefours, selon le photographe.

Le gouvernement a appelé à un cessez-le-feu entre les milices, qu’il peine à contrôler, faute de police et d’armée professionnelles. La mission de l’ONU en Libye a condamné fermement les violences meurtrières, appelant dans un communiqué à la "cessation immédiate" des hostilités, alors que les .

Les affrontements de vendredi et samedi font craindre une guerre civile dans un pays de nombreuses milices se sont constituées sur une base régionale, comme celle de Misrata ou sur des bases idéologiques comme c’est le cas pour les salafistes d’Ansar al-Chariaa.

Le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, avait décidé l’été dernier d’évacuer toutes les milices de la capitale, mais le gouvernement a été incapable d’appliquer cette mesure.

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