Centrafrique : « C’est qui eux ?, ou l’imbroglio des patrouilles dans Bangui

« C’est quel groupe, ça ? » s’interroge un passant en voyant s’approcher dimanche dans un nuage de poussière ocre un convoi de pick-up chargés de soldats, le long du bouvevard menant à l’aéroport de capitale centrafricaine.

Patrouille de la force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac) dans Bangui. © AFP

Patrouille de la force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac) dans Bangui. © AFP

Publié le 1 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Dans Bangui, les véhicules chargés de militaires sont de toutes couleurs – marron, verts, blancs, bleus,… – siglés police, gendarmerie, CNS (Compagnie nationale de sécurité), OCRB (Office central de répression du banditisme), Fomac (Force africaine), UPC (police de la force africaine), ou sans aucune identification, ni plaques d’immatriculation. La population s’y perd dans cette profusion de patrouilles qui se croisent, s’entrecroisent et parfois s’entremêlent, témoignant de l’imbroglio sécuritaire dans lequel est plongée la ville depuis des mois.

Dans ce capharnaüm, seules les forces françaises présentes à l’aéroport et qui patrouillent également en ville sont clairement reconnaissables. Les paras circulent à bord de blindés, drapeau français au vent en haut d’une antenne. Surgi d’un quartier, un convoi d’une vingtaine de pick-up rejoint le boulevard. Les hommes portent divers types d’uniformes, ont le regard inquisiteur, le doigt sur la détente de la kalachnikov, le lance-roquettes à l’épaule. La population les regarde avec crainte.

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"Ce sont des Séléka", s’exclame Christophe le chauffeur. Problème: les Séléka n’existent plus depuis que le président de transition Michel Djotodia a dissous le mouvement qui l’a porté au pouvoir en mars et dont nombre de combattants multipliaient les exactions contre la population, menaçant le pays d’une guerre civile. Ce sont donc des ex-Séléka qui – suppose-t-on car ils circulent librement – font partie des ex-rebelles intégrés par M. Djotodia dans les forces de sécurité. Le président a ordonné le désarmement et le cantonnement des autres. Personne ne sait combien ils sont dans la capitale.

"J’attends la mort"

Une chose est sûre. Depuis que la France a annoncé qu’elle enverrait des renforts à Bangui épauler la force africaine chargée de rétablir l’ordre dès que le conseil de sécurité de l’ONU aura donné son feu vert, d’ex-Séléka quittent la ville. Samedi en fin de journée un correspondant de l’AFP ainsi vu un groupe de huit d’entre eux faire leur paquetage de la maison qu’ils occupaient illégalement depuis des mois et prendre la route – vers une destination inconnue – à bord d’un pick-up armé d’une batterie anti-aérienne.

Toujours sur le boulevard de l’aéroport, un autre convoi apparaît. Cette fois, les véhicules sont majoritairement bleus. Il s’agit donc plutôt de forces de police ou de gendarmerie. Reste à déterminer de quelle origine: unités centrafricaines, ou police de la force africaine ? Arrivé à proximité, on distingue enfin les sigles: le convoi est en fait un cocktail de diverses unités de police et de gendarmerie locales, CNS, OCRB,… Là aussi les soldats portent différents types d’uniformes.

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Roulant à vive allure dans l’autre sens, encore un convoi. Cette fois, on y voit des camions de transport de troupe de fabrication française mêlés à des pick-up. Pour les Banguissois, il doit donc s’agir d’un convoi de la force africaine, équipée partiellement par la France. C’est effectivement le cas: un détachement de la force africaine qui va rejoindre ses positions pour la journée.

Dans son empressement, le détachement africain a rattrapé par inadevertance une patrouille de "Séléka" et tout le monde chemine de concert, ont constaté des journalistes de l’AFP. Jusque ce que la patrouille "Séléka" atteigne son objectif: un pick-up qui a quitté la chaussée pendant la nuit et s’est encastré dans le bas-coté. Sur le véhicule accidenté est écrit "Vol 1: Lawa-Lawa. J’attends la mort", mélange de français et de langue nationale sango signifiant: "quelle que soit la durée, j’attends la mort".

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