Madagascar : le candidat du pouvoir en tête, un scrutin « libre et crédible »
Le candidat du pouvoir au deuxième tour de la présidentielle malgache, Hery Rajaonarimampianina, était en tête dimanche après le dépouillement d’environ 12,5% des bureaux de vote, alors que les différentes missions d’observateurs estimaient que le scrutin de vendredi avait été libre et démocratique.
Les observateurs, dont l’Union européenne, n’ont pas confirmé à ce stade les accusations de fraudes mutuellement lancées par les deux candidats.
"D’après les paramètres et la méthodologie de l’Union européenne, le processus électoral a été jusqu’à présent crédible, libre et transparent", a notamment déclaré la chef de la mission des observateurs de l’Union européenne, Maria Muniz de Urquiza.
"J’espère que la suite le sera aussi", a-t-elle aussitôt ajouté, rappelant que "le processus n’est pas fini: on doit attendre la fin du comptage des voix et la remontée des résultats", la proclamation de ceux-ci étant attendue début janvier.
A 15H00 (12H00 GMT) dimanche, la Commission électorale indépendante (Cenit) avait publié des résultats portant sur 2.561 bureaux de vote, sur 20.001. Sur cet échantillon non représentatif, le candidat du pouvoir en place, Hery Rajaonarimampianina, menait avec 53,93% des voix face à son adversaire Robinson Jean Louis.
Ni Marc Ravalomanana, l’ex-président déchu exilé depuis plus de quatre ans en Afrique du Sud, ni Andry Rajoelina, l’homme qui l’a renversé en 2009, n’ont pu se présenter à cette présidentielle, la communauté internationale craignant des troubles. Les deux hommes s’affrontaient donc par candidats interposés.
Les deux candidats revendiquent la victoire et accusent l’adversaire d’avoir triché.
Robinson Jean Louis, le candidat de l’ancien président Marc Ravalomanana a même dénoncé des "fraudes massives".
"Je ne peux pas me prononcer sur ce que nous n’avons pas observé", a noté Mme Muniz de Urquiza, une députée européenne (socialiste) espagnole, avant d’ajouter, tout comme les représentants des autres missions d’observateurs: "Nous appelons les candidats à suivre les voies légales le cas échéant."
Les observateurs internationaux satisfaits
"Peu de dysfonctionnements ont été signalés lors de la journée électorale (vendredi), a ajouté la responsable européenne, malgré la complexité du double scrutin" présidentiel et législatif. "Dans l’attente de la proclamation des résultats officiels, j’appelle les parties prenantes au processus à la retenue et au respect des procédures en cours", a-t-elle insisté.
"Sur les soupçons de fraude, nous sommes conscients qu’il y a des rumeurs et des bruits, mais (…) nous n’avons pas relevé de cas de fraude", a-t-elle indiqué, comme les autres observateurs internationaux.
"C’est assez classique que les candidats qui n’obtiennent pas le score qu’ils espéraient agitent les fraudes", observait, en référence à M. Jean Louis, un observateur habitué des scrutins à risque, en marge d’une des cinq conférences de presse des missions étrangères organisées dimanche à Antananarivo.
L’élection s’est "déroulée dans des conditions qui ont permis aux électeurs de choisir librement leurs dirigeants", avait déclaré quelques heures plus tôt l’ancien président mauricien Cassam Uteem, qui dirige la mission d’observation de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA), basé à Johannesburg.
"Nous n’avons aucune raison de croire qu’il y a eu des fraudes", a-t-il indiqué à l’AFP, même s’il admet qu’"il y a eu quelques petites irrégularités qui existent partout ailleurs". "Je n’ai pas été observatrice dans tous les bureaux de vote, mais ceux qui l’ont été dans 99% des districts disent qu’ils n’ont pas vu de fraudes massives", a résumé Fatma Samoura, la représentante de l’ONU à Madagascar.
Après la Francophonie samedi, le Centre Carter, la Commission de l’océan Indien et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) sont arrivés à des conclusions similaires dimanche. La SADC a par exemple qualifié les élections malgaches de "pacifiques, libres et transparentes".
Tous les observateurs ont regretté le faible taux de participation, qui devrait d’être environ 48% selon l’Union européenne.
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