Libye : 5 membres de l’ambassade d’Egypte enlevés à Tripoli
Cinq membres de l’ambassade égyptienne ont été enlevés en moins de 24 heures à Tripoli, illustrant une fois de plus le chaos régnant en Libye, où les milices font la loi.
Mis à jour le 26/01 à 11h
Le ministre de la Justice, Salah al-Marghani, a annoncé dans la soirée que les services de sécurité étaient en contact avec les ravisseurs, et que le gouvernement oeuvrait à obtenir la libération des 5 Egyptiens, se refusant à donner tout autre détail.
Dans le sud et l’ouest du pays, des affrontements tribaux et impliquant des partisans de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi ont par ailleurs fait au moins 154 morts et 463 blessés en deux semaines, selon un bilan du ministère de la Santé.
"L’attaché culturel et trois autres fonctionnaires de l’ambassade d’Egypte ont été enlevés samedi à Tripoli", a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères, Saïd Lassoued, qui n’était pas en mesure de fournir plus de détails sur les circonstances de l’enlèvement.
Les autorités avaient pourtant annoncé des "mesures de sécurité renforcées" autour de l’ambassade et des diplomates égyptiens après un premier enlèvement, vendredi, d’un membre de la représentation égyptienne chez lui, toujours à Tripoli.
Ces enlèvements n’ont pas été revendiqués jusqu’ici, mais le ministre libyen de la Justice a implicitement fait le lien avec l’arrestation vendredi en Egypte d’un chef des ex-rebelles qui avaient combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Chaaban Hadeia, alias Abou Obeida, est depuis à la tête d’un groupe d’ex-rebelles qui dépendent officieusement du ministère libyen de la Défense, le Centre d’opération des révolutionnaires de Libye, d’obédience islamiste.
"Nous attendons des explications de nos frères égyptiens sur les accusations portées contre Chaaban Hadeia. En même temps, nous condamnons fermement cette réaction", a déclaré M. Marghani au cours d’une conférence de presse, qualifiant l’enlèvement des cinq Egyptien d’"acte criminel".
Au Caire, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a confirmé la détention de M. Hadeia en Egypte mais n’était en mesure d’en fournir les raisons. "Si l’implication de M. Hadeia (dans une affaire quelconque) n’est pas établie, il sera naturellement libéré", a-t-il précisé à l’AFP.
Le groupe de l’ex-rebelle, qui a confirmé l’arrestation sur la page Facebook, a fait état d’"inquiétude", ainsi que d’une "possible réaction". Contacté par l’AFP, Adel al-Ghariani, un dirigeant du Centre d’opération des révolutionnaires de Libye, a cependant démenti toute implication dans les enlèvements, et appelé à la "libération immédiate" de M. Hadeia.
Contact avec les ravisseurs
La présidence du Congrès général national (CGN, parlement), la plus haute autorité du pays, avait dénoncé vendredi cette arrestation, indiquant avoir donné des instructions au gouvernement et à l’ambassadeur libyen au Caire pour "prendre les mesures nécessaires en vue de la libération immédiate de Chaaban Hadeia".
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition se montrent incapables de rétablir l’ordre et la sécurité dans un pays en proie à l’anarchie et aux violences meurtrières.
Elles n’ont notamment pas réussi à contrôler des dizaines de milices armées formées par des ex-rebelles et qui font la loi dans le pays.
La situation est particulièrement critique dans l’est du pays, en particulier à Derna et Benghazi, devenues des fiefs pour les islamistes radicaux, accusés régulièrement d’être derrière des dizaines d’assassinats et des attentats contre des intérêts occidentaux et l’armée.
Samedi encore, deux explosions ont secoué la ville de Benghazi, également dans l’Est, sans faire de victimes. La première a visé les locaux des renseignements militaires, et la seconde une école coranique.
Ces violences interviennent sur fond de bras de fer entre le Premier ministre indépendant Ali Zeidan et les députés islamistes qui réclament sa démission, lui reprochant son inaction sur le plan de la sécurité.
D’autres étrangers ont récemment été enlevés dans le pays. Deux Italiens travaillant pour une entreprise de travaux publics ont été kidnappés la semaine dernière par un groupe armé dans l’est du pays. Leur sort est toujours inconnu.
Un représentant du gouvernement sud-coréen pour le commerce en Libye a également été enlevé lundi à Tripoli, puis libéré mercredi par les forces de sécurité.
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