Mali : cessez-le-feu entre Bamako et les groupes armés contrôlant Kidal
Un accord de cessez-le-feu a été signé vendredi entre Bamako et les trois principaux groupes armés du nord du Mali contrôlant la ville de Kidal, à l’issue de discussions avec le président de l’Union africaine Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le chef de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), "Albert Gerard Koenders (dit Bert Koenders, NDLR) annonce qu’à 21H30 (locales et GMT) ce vendredi 23 mai 2014, un accord de cessez-le-feu a été signé entre le gouvernement du Mali et le MNLA, HCUA et le MAA", a déclaré la Minusma dans un communiqué.
Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, MNLA, rébellion touareg), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA, formé par des dissidents d’un groupe jihadiste) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) sont les trois groupes armés dont le président en exercice de l’UA, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, avait rencontré des représentants vendredi après-midi à Kidal (extrême nord-est).
Le cessez-le-feu est entré en vigueur dès sa signature, ce qui a été le cas "vers 16H30" par les groupes armés à Kidal, et "vers 21H30" à Bamako par le gouvernement malien à travers le ministre malien de l’Intérieur, a précisé le président Aziz. "Ce qu’il (le président Aziz) a obtenu (…) est admirable, (…) un cessez-le-feu dont nous avons besoin", a commenté son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Violents combats
De violents combats ont opposé le 17 mai à Kidal (nord-est, 1.500 km de Bamako) les forces maliennes et les groupes armés, composés essentiellement de Touareg mais aussi de combattants arabes. Ces derniers ont pris le contrôle de la ville, traditionnellement fief de Touareg, mais aussi de Ménaka (660 km au sud-est de Kidal), selon l’ONU, à l’issue de nouveaux affrontements meurtriers mercredi.
Selon le communiqué de la Minusma, les parties "ont convenu de la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire national, de revenir à l’accord préliminaire du 18 juin 2013" qu’elles ont signé à Ouagadougou "pour une reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations unies et de ses partenaires régionaux et internationaux".
Bamako et les groupes rebelles "ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires des Nations unies et autres partenaires humanitaires, et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur", a ajouté la Minusma.
Ils sont enfin tombés d’accord "sur la mise en place d’une commission internationale d’enquête relative aux événements survenus, en commençant par Kidal", a-t-elle indiqué.
Le président mauritanien était arrivé à Kidal vendredi en fin de matinée en compagnie de Bert Koenders, chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), alors que les appels à l’ouverture de discussions s’étaient multipliés au lendemain des violents combats, le 17 mai à Kidal.
Ces développements avaient conduit le président de l’UA à écourter une visite au Rwanda pour se rendre jeudi à Bamako, puis vendredi à Kidal.
Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, avait de son côté appelé à "un cessez-le-feu" et au retour "à la situation antérieure". Demande formulée également par la France, fer de lance d’une intervention militaire internationale en cours depuis janvier 2013 au Mali.
Redéploiement
Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, reporté après les affrontements dans le nord du Mali, devrait être engagé "d’ici à un mois ou deux si les choses évoluent bien". Il doit être marqué notamment par le départ de 600 hommes, dont 300 vers le Tchad et le maintien de 1.000 hommes sur place.
Une vingtaine de soldats maliens ont été tués et une trentaine blessés dans les combats, selon le ministre malien de la Défense, alors que le MNLA a parlé de 40 soldats maliens tués et 70 faits prisonniers depuis le début des hostilités le 17 mai.
Selon l’ONU, en plus de Kidal, le MNLA a pris la ville de Ménaka, ce que conteste le gouvernement malien, qui a reconnu sa défaite seulement à Kidal.
Kidal représente un défi de taille pour l’Etat malien: en dépit de l’intervention militaire internationale en cours depuis 2013, il n’a jamais réussi à complètement reprendre pied dans cette zone, berceau de Touareg.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les affrontements ont poussé 3.000 personnes à fuir Kidal.
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