Sénégal : des élections locales sous forme de test pour Macky Sall
Les Sénégalais participaient dimanche à des élections municipales et départementales, un scrutin test pour le président Macky Sall au pouvoir depuis plus de deux ans mais dont la majorité s’est disloquée.
Des files d’électeurs s’étaient formées dans des centres de vote de quartiers résidentiels et populaire de Dakar peu avant l’ouverture des bureaux de vote à 08H00 (GMT et locales). Le vote, qui doit être clos à 18H00, a démarré avec un léger retard dans des centres où les électeurs attendaient l’arrivée de responsables électoraux ou la mise en place du matériel, selon un journaliste de l’AFP. Plus de 5,3 millions d’inscrits sont appelés à choisir entre plus de 2.700 listes de partis ou de simples citoyens, contre 1.600 aux dernières élections locales de 2009.
Le scrutin est destiné à désigner les conseillers municipaux et départementaux dans 602 collectivités locales qui éliront à leur tour les maires et les présidents de départements. Les collectivités locales gèrent notamment le domaine foncier, les ressources naturelles, l’éducation, la jeunesse et la culture. Le vote constitue aussi un test pour le président Sall et son parti qui ne contrôle que quelques-unes de ces collectivités. M. Sall a été élu grâce à une coalition de plusieurs partis en mars 2012, avec plus de 65% des voix, face à Abdoulaye Wade qui était au pouvoir depuis douze ans. Le scrutin avait été âprement disputé et émaillé de violences qui avaient fait de six à quinze morts et au moins 150 blessés.
Mais cette alternance, rare sur le continent africain, avait été saluée comme un exemple, dans un pays réputé démocratique, qui n’a jamais connu de coup d’Etat. Deux ans plus tard, la majorité a peiné à s’entendre sur la confection des listes pour les élections locales, des partis ayant accusé le parti présidentiel de "boulimie". La majorité s’est ainsi disloquée dans de nombreuses zones où elle n’a pas pu présenter des listes communes.
"Grogne sociale"
Créé en 2008, le parti présidentiel ne dispose pas d’une assise forte dans le pays et est miné par des divisions internes. Mais l’Alliance pour la République (APR) espère que le scrutin local lui permettra de renforcer ses bases malgré un contexte difficile de grogne sociale.
Il table sur un certain nombre de mesures gouvernementales pour atténuer les difficultés des ménages: baisse des prix des denrées, des loyers, diminution de l’impôt sur le salaire, institution d’une assurance-maladie universelle et allocation trimestrielle pour des ménages parmi les plus pauvres. Les autorités ont également lancé un plan de développement qui vise à porter, d’ici quatre ans, le taux de croissance à 7% pour une période de dix ans et pour relancer des secteurs "prioritaires" comme l’agriculture, le tourisme et l’industrie.
La croissance du PIB a été de 3,4% en 2012, 4% en 2013 et pour 2014, la prévision est de 4,6%. Mais de nombreux Sénégalais estiment toujours que les réformes promises ne se déroulent pas à la cadence voulue. Durant la campagne, des slogans hostiles ont été lancés, comme "nous nous sommes trompés de choix" (en élisant Macky Sall).
Le gouvernement a aussi dû faire face au retour sur la scène politique de l’ex-président Wade rentré au Sénégal fin avril après deux ans passés en France. A 87 ans, le chef du Parti démocratique sénégalais (PDS) a sillonné le pays pour soutenir ses candidats avec pour mot d’ordre: "Ces élections sont un référendum pour ou contre Macky Sall" à trois ans de la prochaine présidentielle de 2017.
La majorité aux dernières élections locales de 2009 avait été obtenue par le Parti socialiste (PS), qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000, et par l’Alliance des forces de progrès (AFP), deux partis de la coalition aujourd’hui divisée du président Sall. Les premiers résultats du scrutin de dimanche devraient être connus dans la nuit de dimanche à lundi et le résultat complet dans la semaine.
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