La France muscle ses outils financiers pour relancer les échanges avec l’Afrique
Une nouvelle banque de l’exportation, des moyens renforcés pour les organismes d’export, une fondation dédiée aux échanges avec le continent…la France a annoncé vendredi une série d’outils pour muscler ses liens économiques avec l’Afrique, à l’occasion d’un forum économique franco-africain.
Une banque de l’exportation destinée à faciliter la conclusion de grands contrats internationaux, notamment en Afrique, devrait voir le jour d’ici fin mars. "L’un des freins à l’exportation que nous pouvons rencontrer tient moins aux conditions de compétitivité même si ça peut exister", ou "au savoir-faire, à la qualité, à la technologie" des entreprises françaises qu’au financement, a expliqué le président François Hollande devant un parterre de dirigeants africains à Bercy.
C’est la Société de financement local (Sfil, qui est également la banque des collectivités) qui refinancera les crédits exports de gros montants octroyés par les banques, avec la garantie de l’Etat via l’assureur-crédit Coface. Ce dispositif permettra de faire baisser le coût de ces crédits pour les clients des entreprises exportatrices, de l’ordre de 10%, selon M. Hollande.
Le PDG de la Sfil, Philippe Mills, a expliqué à l’AFP que "depuis la crise, le financement apporté par les banques privées n’est pas à la hauteur des conditions dont bénéficient les compétiteurs des exportateurs français au sein de l’OCDE". Selon lui, le dispositif devrait permettre à la France de regagner en compétitivité, un vœu partagé par Bercy qui estime que l’outil devrait permettre de dynamiser le commerce extérieur, alors que le pays a encore affiché un important déficit commercial en 2014.
Le chef de l’Etat a en outre souligné que l’engagement, pris l’an dernier par l’Agence française de développement (AFD) d’investir 20 mds d’euros sur 5 ans pour l’Afrique serait "tenu, strictement tenu, entièrement tenu et commence à être appliqué". L’an dernier, l’AFD a prêté 3,7 milliards d’euros sur le continent pour soutenir des projets de développement. M. Hollande a indiqué que l’engagement de la France à hauteur de 1 milliard d’euros pour les nouvelles technologies et pour la transition énergétique en Afrique, était "non seulement confirmé mais s’ajouterait au milliard de dollars que la France a décidé d’apporter au Fonds vert" pour le climat.
"Nous devons regarder l’Afrique comme nous regardons tout pays, tout continent, avec les mêmes règles mais aussi en faisant en sorte que la Coface puisse assurer plus de garanties. En 2013, ces garanties étaient de 800 millions d’euros, en 2014 elles sont montées à 2 milliards d’euros et ça continuera encore en 2015", a-t-il ajouté.
Un nouveau fonds d’investissement pour l’Afrique, porté par la banque publique Bpifrance, verra également le jour cette année. M. Hollande souhaite aussi élargir et adapter le service civique pour qu’il prenne une dimension internationale, où l’Afrique sera favorisée.
Nouvelle fondation AfricaFrance
Outre les outils publics, la France souhaite fédérer le secteur privé en favorisant les partenariats public/privé. "L’argent public a un rôle à jouer, mais l’argent public est rare", a rappelé le ministre des Finances Michel Sapin, ajoutant que "le secteur privé, et en particulier le secteur financier, a un rôle prépondérant à jouer".
C’est dans ce cadre que s’inscrit la nouvelle fondation AfricaFrance et sa dizaine de "clubs de filière", allant de l’agroalimentaire à l’entrepreneuriat social et au numérique, en passant par la finance. Le "club finance" réunit notamment Paris Europlace, organisation qui défend les intérêts des acteurs financiers français, ainsi que la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d’Abidjan, la Casablanca Finance City Authority et des fonds d’investissements.
La ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, a néanmoins souligné que la constitution de partenariats public privé prenait en moyenne 7 ans, "plus que la durée de vie de n’importe quelle administration" et a plaidé pour une simplification des procédures.
Autre problème soulevé par de nombreux intervenants, la perception du risque en Afrique n’est pas corrélée aux fondamentaux économiques, ce qui complique les investissements.
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