Guy-Amédée Ajanohoun : « L’UEMOA n’est pas compétitive »

Face à la pénurie chronique dont souffrent les pays de la sous-région, l’Union économique et monétaire ouest-africaine a lancé en 2010 un programme d’investissements sur vingt ans. Le responsable du département du développement de l’entreprise, des télécommunications et de l’énergie en dévoile les grands axes.

G.-A. Ajanohoun, responsable du développement de l’entreprise et de l’énergie à l’UEMOA. © UEMOA

G.-A. Ajanohoun, responsable du développement de l’entreprise et de l’énergie à l’UEMOA. © UEMOA

Publié le 27 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Énergie : que la lumière soit !
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Énergie : que la lumière soit !

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Jeune Afrique : Dans quel contexte s’inscrit l’Initiative régionale pour l’énergie durable (Ired) menée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ?

Guy-Amédée Ajanohoun : Depuis le début des années 2000, dans la plupart des pays de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), les délestages électriques se sont nettement accentués, avec des conséquences sur l’économie et la vie quotidienne, ainsi qu’une perte de croissance de 1,5 % en moyenne sur 2005-2008. À l’exception de la Côte d’Ivoire, la sous-région souffre d’un déficit structurel en électricité. De surcroît, le kilowattheure (kWh) – à 100 F CFA (0,15 euro) – y est le plus cher du continent, parce que 66 % du « mix » énergétique de la sous-région est constitué de centrales thermiques au fioul. Notre espace économique n’étant pas compétitif, il n’attire pas les investissements étrangers.

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Quels sont les objectifs clés du programme de l’Ired ?

À l’horizon 2030, il s’agit de ramener le kWh à 30 F CFA, de porter le taux d’accès à l’énergie à 80 % (contre 17 % actuellement), et de hisser la part des énergies renouvelables de l’Union de 36 % aujourd’hui –  grâce aux barrages hydrauliques – à 66 % du mix, afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

Quels seront les moyens mis en oeuvre ?

L’Ired va inciter les États de l’UEMOA à s’orienter vers des projets de centrales solaires photovoltaïques et thermiques à concentration. Chacun verra son projet financé à hauteur de 15 à 25 milliards de dollars [de 11,7 à 19,6 milliards d’euros, NDLR]. Pour 2010-2012, nous avions défini un plan d’urgence leur permettant de mener des programmes d’investissement dans des installations conventionnelles de production d’électricité (fioul ou gaz) ou d’interconnexions.

À l’horizon 2030, il faudra porter le taux d’accès à l’énergie à 80 %, contre 17 % actuellement

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D’où viendront ces financements ?

Ils seront alloués par le Fonds de développement de l’énergie (FDE), provisionné à hauteur de 250 milliards de F CFA (381 millions d’euros) par l’UEMOA et qui devrait, à terme, être porté à 500 milliards de F CFA. En 2012, notre mission de sensibilisation à l’étranger nous permettra de solliciter les bailleurs de fonds institutionnels (Banque africaine de développement, Agence française de développement , Banque européenne d’investissement, etc.) pour boucler le FDE. Par ailleurs, les États de l’UEMOA n’étant plus en mesure d’investir assez pour réhabiliter les infrastructures existantes, l’Ired entreprend d’attirer les entreprises de l’énergie du secteur privé. À cet effet, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a lancé une étude pour la constitution d’un fonds dédié. Il pourrait être doté de 1 000 milliards de F CFA, grâce à des financements concessionnels [à des taux d’intérêt très attractifs].

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Quand pourront démarrer les premiers projets de centrales solaires ?

Nous avons d’ores et déjà lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la réalisation d’estimations du gisement solaire disponible dans chaque pays. Les soumissionnaires retenus seront connus dans le courant du premier trimestre.

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Propos recueillis par Idir Zebboudj

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