Burkina Faso : Assimi Kouanda, le choix de Compaoré
Le président du Burkina Faso Blaise Compaoré a placé son directeur de cabinet à la tête du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le 4 mars. Signe d’une reprise en main de son parti avant les élections locales, en novembre prochain.
C’est le choix de la confiance et de la fidélité. En plaçant son directeur de cabinet, Assimi Kouanda, à la tête du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir), le 4 mars, le chef de l’État burkinabè reprend en main un parti confronté à de vives dissensions internes à l’approche des élections locales de la fin de l’année et à l’aube d’une éventuelle mais délicate révision constitutionnelle.
Blaise Compaoré manifeste clairement son désir d’injecter du sang neuf à la tête de son parti. Ainsi, le bureau exécutif du CDP compte désormais 14 femmes sur un total de 38 membres, et un bon nombre de quadras. Il y a aussi placé son frère cadet et influent conseiller, François Compaoré, au poste de secrétaire chargé du mouvement associatif. Les traditionnels poids lourds du parti, comme Arsène Bongnessan Yé, ministre des Réformes politiques et des Relations avec le Parlement, Ernest Paramanga Yonli, ancien Premier ministre, et Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale, sont en revanche relégués au rang de conseillers politiques. Les deux premiers avaient pourtant été pressentis pour prendre la direction du parti, jusque-là occupée par Kaboré.
Sentinelle
Homme de l’ombre, Assimi Kouanda, 55 ans, est un vieux compagnon de la révolution burkinabè. Il a fréquenté l’université Panthéon-Sorbonne, à Paris, où il a obtenu un doctorat de troisième cycle en histoire. Quand Thomas Sankara arrive au pouvoir, en août 1983, Assimi Kouanda devient l’un des animateurs de la coordination des Comités de défense de la révolution (inter-CDR). Une sorte de sentinelle face aux courants « déviationnistes et contre-révolutionnaires ».
Un an plus tard, il intègre l’université de Ouagadougou comme assistant au département d’histoire et d’archéologie, dont il devient bientôt le chef, avant d’être nommé vice-doyen des affaires académiques à la faculté des langues, des lettres, des arts, des sciences humaines et sociales. Maire de l’arrondissement de Nongr-Maasom, à Ouagadougou, de 1989 à 1991, il sera conseiller municipal de la ville de Ouagadougou de 1995 à 2000, date à laquelle il est nommé ambassadeur du Burkina à Rabat, au Maroc. En 2004, Compaoré le rappelle auprès de lui et en fait son directeur de cabinet, avec rang de ministre. Il lui confie la direction de sa campagne présidentielle en 2010. Au sein du CDP, il était jusqu’alors secrétaire général adjoint.
Cet homme de l’ombre a été préféré aux traditionnels poids lourds du parti présidentiel.
Islamologue reconnu, Assimi Kouanda a publié des ouvrages et des communications sur l’Afrique et le monde arabe. Musulman lui-même, il a ses entrées auprès des leaders de la communauté religieuse, un atout non négligeable pour le chef de l’État, qui est chrétien.
Le nouveau patron du CDP va devoir redonner confiance aux militants, renforcer la cohésion au sein du parti, et il aura la lourde charge d’élaborer la stratégie pour les élections législatives et municipales, prévues en novembre. Une de ses premières tâches sera de mettre en place un système de nomination des candidats juste et transparent. « Les prétendants sont nombreux et les places malheureusement limitées », confie Roch Marc Christian Kaboré. À Kouanda de réaliser le bon dosage entre vieux cadres et jeunes loups.
Le CDP et ses alliés totalisent aujourd’hui plus de 80 % des sièges à l’Assemblée nationale. Pas sûr que le parti au pouvoir réussisse à conserver une telle suprématie, alors qu’il doit faire face à une opposition revigorée par les troubles politiques et sociaux de 2011.
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