Libye : Abdallah Senoussi, l’homme des basses besognes
Véritable numéro deux de l’ex-régime libyen, Abdallah Senoussi, l’ancien patron des services de sécurité était l’âme damnée du « Guide ».
Hôtel Rixos, 21 juillet 2011. Dernière interview connue d’Abdallah Senoussi. Tandis que les frappes de l’Otan apportent un soutien décisif aux rebelles dans la bataille de Tripoli, le numéro deux du régime libyen tire un missile en direction du président Nicolas Sarkozy : « Je lui ai remis directement des fonds pour la présidentielle [de 2007]. Lors de ses entretiens avec le Guide, il a ensuite promis de tout entreprendre pour me blanchir dans l’affaire [du DC-10 d’UTA]. » Abdallah Senoussi n’a pas réellement protesté, en 1999, quand la Cour d’assises spéciale de Paris l’a condamné à la réclusion à perpétuité pour l’attentat contre le vol 772, pulvérisé par une bombe au-dessus du Niger en 1989. Mais cette tache sur son CV n’a cessé de le poursuivre. « Un jour qu’il se faisait soigner sous un faux nom dans une clinique de Milan, la police italienne a manqué de lui mettre le grappin dessus », a raconté l’ancien ministre des Affaires étrangères libyen Abderrahmane Chalgham dans ses Mémoires, parus récemment.
Pacte de sang
Originaire de la tribu des Megarha, ce personnage discret, timide même selon ses anciens compagnons d’études, a scellé un pacte de sang avec le « Guide » en épousant Fatima, soeur de Safia Kadhafi. Garde du corps, puis responsable du renseignement et des services de sécurité, Senoussi était le plus fidèle de tous les collaborateurs de Mouammar. Son influence n’a cessé de grandir à chaque tentative de putsch des militaires, à chaque complot des opposants. Senoussi est l’âme damnée du colonel, supportant toutes les avanies, survivant à toutes les disgrâces. Sa loyauté aveugle lui vaut de nombreux ennemis. L’homme fort des renseignements extérieurs Moussa Koussa, les Premiers ministres Chokri Ghanem et Baghdadi Mahmoudi le craignaient. Devenu l’oeil et le bras droit du « Guide », voire, à partir de l’affaire des otages de Jolo, en 2000, le véritable mentor politique de Seif el-Islam, dauphin pressenti, Senoussi n’aurait quitté son maître qu’à Syrte, pour enterrer son propre fils dans son village natal de Qira, dans le Sud. Sa capture a été annoncée dès le 19 novembre, sans jamais être confirmée, jusqu’à son interception le 16 mars, à Nouakchott.
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