Audiovisuel ivoirien : d’Abidjan, en léger différé…

Initialement prévue pour le 28 mars, la libéralisation de l’audiovisuel voulue par le président Ouattara est reportée… le temps de nommer les commissaires chargés du dossier.

Les nouvelles chaînes ivoiriennes devront valoriser la culture nationale et favoriser la création. © AP/SIPA

Les nouvelles chaînes ivoiriennes devront valoriser la culture nationale et favoriser la création. © AP/SIPA

Publié le 4 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Le 28 mars devait marquer un grand tournant dans l’ouverture du paysage audiovisuel ivoirien. Ce jour-là, les candidats à l’obtention d’une licence auraient dû déposer leur dossier à la commission d’étude, puis croiser les doigts en attendant le verdict. Las ! Ils devront patienter encore quelque temps. « Le temps administratif », explique-t-on du côté de la Haute Autorité de la communication et de l’audiovisuel (Haca), chargée du dossier de la libéralisation du secteur. Les neuf commissaires, dont sept sont désignés par les ministères qui chapeautent cette révolution, n’ont toujours pas été choisis. « Dans l’administration, ce sont des nominations qui ne se font pas à la légère », explique Ibrahim Sy Savané, président de la Haca. Surtout en période de remaniement ministériel…

En attendant, le président Alassane Dramane Ouattara, qui avait fait de ce projet l’une des mesures phare de son programme électoral, a signé début mars deux décrets, l’un portant sur les conditions d’exploitation et d’usage des fréquences télévisuelles, l’autre sur les conditions d’appels d’offres. Elles sont strictes. Non seulement l’entreprise – de droit ivoirien – doit être dotée d’un business plan cohérent, mais elle doit proposer des contenus qui valorisent la culture ivoirienne et favorisent la production nationale. Autres critères d’importance : une caution de 1 milliard de F CFA (environ 1,5 million d’euros) – au lieu des 500 millions espérés – et une redevance annuelle de 100 millions de F CFA, susceptibles d’être révisées dans quelques années. De quoi réfréner les plus téméraires…

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Viabilité

« Trop de gens pensent qu’il est simple de monter une télévision. Un projet bien ficelé, cohérent, devrait sans problème avoir l’aval d’une banque », justifie Ibrahim Sy Savané, qui élabore actuellement un cahier des charges très précis, avec l’assistance d’un expert de l’Organisation internationale de la Francophonie spécialement dépêché à Abidjan. « Aucun risque ! rétorque un ancien candidat. Il faut au moins 1,5 milliard pour le matériel seulement. Ce n’est pas un investissement que l’on fait à la légère. »

En attendant, les premiers paris sont lancés pour savoir qui sera candidat. L’on parle de Fabrice Sawegnon, l’ambitieux patron de Voodoo Communication, qui a mené la campagne publicitaire d’ADO pendant la présidentielle de 2010. Circulent aussi les noms des ministres Hamed Bakayoko (de l’Intérieur) et Sidiki Konaté (de l’Artisanat et de la Promotion des PME) ; le premier pour le compte du Rassemblement des républicains (RDR, d’ADO), le second pour le compte du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Du côté du PDCI-RDA, on songe à récupérer la Télévision Côte d’Ivoire (TCI), qui émettait depuis le Golf Hôtel pendant la crise postélectorale. Quant aux hommes d’affaires libanais, ils seraient aussi dans les starting-blocks.

La libre concurrence nous permettra enfin de vendre nos programme.

Un producteur ivoirien

Si la Côte d’Ivoire a les capacités techniques d’héberger cinq stations nationales, il n’est pas certain que la Haca octroie tous les canaux cette année, l’objectif étant aussi de leur assurer un minimum de viabilité. « L’essentiel des ressources de ces chaînes étant publicitaire, il faut que leur nombre soit en adéquation avec le marché ivoirien », ajoute Sy Savané. Aucune étude récente sur le marché publicitaire en Côte d’Ivoire n’est disponible, mais, selon un rapport de Média Data datant de 2007, il représenterait 10,6 milliards de F CFA, dont 4,8 captés par la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI).

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Pour leur part, les producteurs audiovisuels ivoiriens se frottent les mains. « La libre concurrence nous permettra enfin de vendre nos programmes et non de les fournir clés en main à la RTI », se réjouit l’un d’eux. En effet, ils doivent bien trop souvent produire des émissions commandées par des annonceurs privés ou céder leurs séries ou magazines pour des montants dérisoires aux deux chaînes nationales, RTI 1 et TV2. L’occasion aussi de faire monter une nouvelle génération de producteurs, spécialisés dans la conception de programmes de télévision.

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