France – Rwanda : Gilbert Gatore, écrivain sans papiers

La France a rejeté la demande de naturalisation du romancier Gilbert Gatore, menacé depuis d’expulsion. Une situation qu’ont connue d’autres artistes.

Le romancier Gilbert Gatore. © AFP

Le romancier Gilbert Gatore. © AFP

Clarisse

Publié le 14 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Cette France qui accueillit Modigliani, Apollinaire, Picasso, Beckett ou Foujita serait-elle en train de disparaître ? Tout se passe comme si elle avait décidé de se passer de personnalités de culture dont le talent, l’énergie et parfois l’engagement contribuent à son rayonnement. Elle vient ainsi de rejeter la demande de naturalisation de l’écrivain rwandais Gilbert Gatore, 31 ans, dont quinze passés en France. Si elle maintient sa décision, l’auteur du Passé devant soi n’aura plus le statut de réfugié et pourrait un jour être expulsé. Contacté par Jeune Afrique, il n’a pas souhaité s’exprimer pour ne pas compromettre ses chances de débloquer la situation.

Gatore n’est pas un cas isolé. Au début des années 1990, le musicien camerounais Richard Bona, installé en France pour y suivre des études de musique, se produit régulièrement aux côtés de Jacques Higelin, Didier Lockwood, Manu Dibango, Salif Keita ou encore Francis Lassus. En 1995, il est contraint de rentrer au Cameroun : faute de revenus stables, il s’est vu refuser la prolongation de son titre de séjour. Mais Harry Belafonte, qu’il a rencontré à Paris, s’en émeut et va le chercher pour le faire jouer dans son orchestre aux États-Unis. On connaît la suite de l’histoire…

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En 2005, l’acteur ivoirien Adama Doumbia campait Papi, le principal rôle masculin de La Blessure, film de Nicolas Klotz sur les clandestins. Contrôlé gare du Nord, à Paris, Adama Doumbia est condamné en première instance à deux mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction du territoire français, pour non-présentation d’un récépissé l’autorisant à y séjourner en tant que demandeur d’asile. Autre artiste un temps menacé d’expulsion, la poète slameuse russe Katia Boutchou, qui a vu sa demande de changement de statut rejetée. Elle ne doit son autorisation de travail qu’à la forte mobilisation qui s’est faite autour d’elle. Le chanteur béninois de R’nB et de hip-hop Giovanni Houessou, 25 ans, lui, n’a pas eu cette chance. Son expulsion s’est faite sans bruit un matin d’avril 2011. Il n’avait pas eu l’autorisation de rester en France pour avoir changé d’orientation scolaire. Mais il y a motif plus inattendu. Celui opposé au chanteur marocain Adil Smaali, qui s’était vu refuser un titre de séjour car « être intermittent du spectacle n’est pas un vrai métier ».

Pour le Comité inter-mouvements auprès des évacués (la Cimade), seuls ces cas sont les plus médiatisés car ils concernent des artistes plus ou moins illustres. Des dizaines de cas similaires sont enregistrés chaque semaine, comme si la France ne voulait plus ni de poètes, ni de musiciens, ni même d’écrivains.

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