Armée malienne : opération refondation

Après avoir été incapables de défendre le nord du Mali, les forces maliennes n’ont pas résisté à l’offensive des islamistes radicaux dans la région de Mopti, entre le 7 et le 10 janvier 2013. De la base au sommet, pour la reconstruire, une seule solution : s’appuyer sur des chefs respectés et incontestés.

Un défilé de l’armée malienne, le 22 septembre 2010. © Sia Kambou/AFP

Un défilé de l’armée malienne, le 22 septembre 2010. © Sia Kambou/AFP

Publié le 18 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Article publié le 18/12/2012.

Disciplinée, bien formée, bien équipée… L’image d’armée modèle a volé en éclats sous les coups de boutoir des rebelles touaregs et de leurs alliés islamistes. Si les unités ont résisté aux premières heures du conflit, en janvier, elles n’ont pu tenir face à un ennemi organisé en petites unités mobiles très réactives. Le coup d’État du 21 mars et son cortège d’arrestations d’officiers ont fini de désorganiser les troupes qui, sur le champ de bataille, ont reçu ordres et contrordres d’une hiérarchie désarticulée via des canaux de communication piratés par les assaillants ! Fin mars, l’armée avait quitté toutes ses positions, abandonnant des stocks entiers d’armes et de munitions ainsi que ses véhicules.

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Du plus haut gradé au petit soldat, on martèle que le moral est au beau fixe et que l’on piaffe d’impatience de reconquérir le Nord du Mali. Encore faut-il pouvoir remettre l’armée d’aplomb. De l’aviation, il ne reste plus grand-chose. La dizaine de chasseurs-bombardiers de type Mig-21 sont loin d’être tous opérationnels et au moins deux des trois hélicoptères de combat MI-24 sont cloués au sol. Quant aux pilotes – qui totalisent peu d’heures de vol -, on peut se demander s’ils sont encore à la hauteur…

Stock

L’infanterie comptait bien une cinquantaine de véhicules de reconnaissance (BRDM), une quarantaine de blindés légers (BTR-60) et des chars (PT-76 et T-55) d’origine bulgare ou soviétique, mais une grande partie de cet arsenal est aujourd’hui inutilisable. Depuis le 4 décembre, le Mali a récupéré son stock d’armement commandé sous Amadou Toumani Touré puis bloqué au port de Conakry. De quoi galvaniser les troupes, mais est-ce suffisant ?

« L’armée a été dévitalisée, déclarait à Jeune Afrique le colonel Séga Sissoko, directeur général du musée consacré à l’institution militaire. Le népotisme et la corruption jadis proscrits ont atteint le commandement. » Négligée après la révolution démocratique de 1991, l’armée malienne a sombré. Elle s’est paupérisée. Les rangs de soldats gonflés de désoeuvrés et de diplômés-chômeurs, avec des soldes indigentes, sont démotivés. À l’inverse, une partie de la hiérarchie s’est embourgeoisée, en profitant parfois des trafics qui prospèrent à la lisière du Sahel.

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Expérience

L’expérience acquise par des officiers et sous-officiers formés en Algérie, en Allemagne, en France ou aux États-Unis n’a pas été mise à profit. Au mieux, ils se sont retrouvés éloignés des centres de formation, cantonnés à des tâches administratives. L’intégration d’ex-rebelles touaregs, après la signature du pacte national (1992), n’a rien arrangé : beaucoup ont été affectés dans leur région d’origine et ont fini par y créer des baronnies échappant au pouvoir central.

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Dur de gagner une guerre avec des troupes peu soudées qui n’ont plus confiance en leurs chefs. « La clé, c’est de confier le commandement des opérations à des hommes respectés », analyse un officier supérieur nigérien. Trois noms reviennent fréquemment : les colonels Didier Dacko, Mohamed Abderrahmane Ould Meydou et El Hadj Ag Gamou. Visiblement, leur rôle déterminant a aussi été perçu par l’ennemi. Le 2 décembre, Gamou, installé au Niger avec ses hommes depuis mai, a été victime d’un attentat.

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