Djibouti : l’opposition fait son entrée à l’Assemblée

Pour l’opposition, c’est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Certes, elle a été largement battue aux législatives du 22 février. Mais elle va, pour la première fois, siéger à l’Assemblée.

Le président Ismaïl Omar Guelleh a affirmé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2016 © Simon Maina/AFP

Le président Ismaïl Omar Guelleh a affirmé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2016 © Simon Maina/AFP

Publié le 11 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Tous les ingrédients étaient réunis pour que les législatives du 22 février dernier soient à haut risque. D’abord, c’était le premier scrutin de ce type organisé à Djibouti depuis les révolutions arabes (Djibouti est membre de la Ligue arabe). Ensuite, c’était la première fois depuis l’indépendance que l’opposition, réunie au sein de l’Union pour le salut national (USN), acceptait de se lancer dans la bataille électorale. Enfin, les Frères musulmans faisaient pour la première fois leur apparition sur la scène politique locale via le Mouvement pour le développement et la liberté (Model), un parti qui n’est certes pas autorisé mais qui a largement noyauté l’USN. Et, comme si cela ne suffisait pas, la législature à venir est la dernière avant une alternance au sommet, puisque le président Ismaïl Omar Guelleh a affirmé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2016.

C’est dire combien le rendez-vous du 22 février était important pour Djibouti, mais l’inquiétude des uns et l’impatience des autres ont vite été balayées. En dépit de la violence verbale qui a marqué la campagne électorale, il n’y a pas eu de débordement significatif le jour du vote. Selon les résultats provisoires, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) a remporté près de 68 % des voix (49,4 % dans la capitale), ce qui – en vertu de la nouvelle loi électorale – lui confère 80 % des sièges à l’Assemblée.

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Manifestations

Dans leur rapport, les observateurs étrangers ont souligné la transparence des opérations de vote. La présidente de la mission des observateurs de l’Union africaine (UA), l’ex-Premier ministre malien Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, et les représentants de la Ligue arabe, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) ont affirmé que le scrutin s’était déroulé « dans le calme et la sérénité ». Au grand dam de l’USN, qui a fait état de fraudes massives et qui a appelé à manifester. Toutefois, après avoir supervisé 154 bureaux de vote et contrôlé les opérations de dépouillement dans 12 centres, les observateurs disent n’avoir relevé aucun cas de fraude ni de bourrage d’urnes. Cissé Mariam Kaïdama Sidibé a recommandé à l’USN de recourir aux instances juridiques.

L’annonce des résultats provisoires donnant la victoire à l’UMP a provoqué les jours suivants de violents affrontements entre protestataires et forces de l’ordre, suivis par l’interpellation de plusieurs figures de l’opposition et de quelques dignitaires religieux.

Pourtant, à bien lire les résultats provisoires, l’opposition a tenu tête à la majorité. Seules 1 330 voix séparent l’UMP de l’USN à Djibouti-ville, la plus grande circonscription électorale du pays (35 sièges sur 65). Cela devrait inciter l’USN à croire en la possibilité d’un changement par les urnes.

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