Tunisie : Amina, seins interdits

À la suite de l’Égyptienne Alia al-Mahdi, cette Tunisienne de 19 ans, qui se prénomme Amina, a dévoilé sa poitrine pour protester contre les inégalités hommes-femmes.

« Mon corps m’appartient », proclame Amina. © DR

« Mon corps m’appartient », proclame Amina. © DR

Publié le 26 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Il a suffi de quelques semaines pour qu’Amina – qui ne donne pas son nom de famille – devienne la coqueluche des plateaux de télévision de Tunisie. Cheveux courts, moue boudeuse et allure androgyne, cette bachelière de 19 ans a suscité une controverse en se présentant comme une militante du mouvement féministe ukrainien Femen et en diffusant sur les réseaux sociaux des photos où l’on pouvait lire, sur sa poitrine dénudée : « Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne. »

Si le message et la cigarette qu’elle tient à la main n’ont pas retenu l’attention, ses seins nus ont provoqué un tollé. Féministes et islamistes assurent que cette initiative dessert la cause des Tunisiennes. Les ultras vont plus loin : le prédicateur Adel Almi, chantre de la défense de la vertu, la traite de « déséquilibrée » (mais dément avoir souhaité qu’elle soit lapidée à mort), tandis qu’insultes et menaces pleuvent sur Facebook.

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Électrochoc

Soutenue par Femen et quelques amis, Amina affronte l’opprobre avec flegme. « Mon geste n’est ni obscène ni à caractère sexuel ou pornographique ; je voulais créer un électrochoc, faire prendre conscience de l’oppression exercée sur les femmes. Les Tunisiennes doivent savoir que leur statut n’est pas négociable ; elles sont et doivent être les égales des hommes. » Mise au ban de sa famille, Amina, qui risque entre six mois et deux ans de prison pour atteinte à la pudeur, se dit prête à recommencer « autant qu’il le faudra ».

Si certains estiment que sa révolte est légitime, mais que sa démarche, inadaptée à un environnement conservateur, risque de se retourner contre la cause qu’elle veut servir, d’autres, comme l’homme de théâtre Lotfi Achour, estiment que « cette fille ne représente qu’elle-même, ce qui fait la force de son geste », et qu’il incombe « à chacun de défendre ses idées et ses intérêts ». Alors que la polémique enfle, la jeune fille fait des émules : Meriem, à son tour, dévoile sa poitrine pour soutenir Amina et les femmes arabes. Le 22 mars, le mouvement Femen s’inquiétait de la « disparition » d’Amina, qui n’était plus joignable. Victime de trop de pressions ou de menaces sérieuses ?

« Je lui ai parlé hier, Amina m’a dit qu’elle allait bien et qu’elle allait reprendre l’école bientôt », a déclaré lundi 25 mars à l’AFP Me Bochra Belhaj Hmida, célèbre avocate tunisienne et militante féministe de longue date. « Elle n’a pas disparu, elle n’a pas été internée dans un hôpital », a-t-elle ajouté, en allusion aux rumeurs relayées par Femen sur son possible internement dans un centre psychiatrique de Tunis.

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