RDC – Mary Robinson : faites l’accord, pas la guerre !

En tournée dans la région des Grands Lacs, l’envoyée spéciale de l’ONU a appelé la RD Congo à négocier avec la rébellion du M23. Pas sûr que le gouvernement, fort de sa récente victoire militaire, l’écoute.

Mary Robinson, ancienne présidente irlandaise ne craint les foudres ni de Kinshasa, ni de Kigali. © ALEXANDER JOE / AFP

Mary Robinson, ancienne présidente irlandaise ne craint les foudres ni de Kinshasa, ni de Kigali. © ALEXANDER JOE / AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 4 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Sa précédente visite dans la région des Grands Lacs datait d’un peu plus de deux mois. Un laps de temps suffisant pour que Mary Robinson puisse observer de nombreux changements lors de sa nouvelle tournée, entamée le 25 novembre. La rébellion rwandophone du Mouvement du 23-Mars (M23), qui faisait l’objet de toutes les attentions il y a peu, a été repoussée manu militari hors du territoire congolais début novembre. Un épilogue guerrier que l’Irlandaise n’avait ni anticipé ni souhaité. "Clairement, Mary Robinson était contre l’utilisation de la force", assure une source congolaise au coeur du dossier.

Appelant sans relâche à la négociation depuis sa nomination au poste d’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU dans la région des Grands Lacs, en mars, Robinson a adopté une attitude qui tranche avec celle du chef des Casques bleus, l’Allemand Martin Kobler, dont les troupes ont soutenu l’armée congolaise, y compris avec des moyens aériens. Cette position avait valu à Robinson les louanges de Bertrand Bisimwa, le chef politique du M23, ainsi qu’une méfiance tenace de l’opinion congolaise. Sans pour autant faire d’elle une alliée du Rwanda, où sa dernière visite, le 26 novembre, est passée inaperçue dans la presse.

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Pourquoi s’est-elle refusée à appuyer clairement Kinshasa ? Pour ne pas trop exposer les Casques bleus, réticence dont les Nations unies sont coutumières ? "Cette explication ne tient pas : le mandat de l’ONU était très clair et autorisait l’emploi de la force, balaie notre source congolaise. Robinson a tout simplement trop cru en la parole du Rwanda et de l’Ouganda", deux pays accusés d’avoir soutenu la rébellion mais qui nient farouchement ces accusations.

Mary Robinson peut difficilement être taxée de naïveté pro-rwandaise.

Pourtant, Mary Robinson peut difficilement être taxée de naïveté pro-rwandaise. À la tête de l’Irlande de 1990 à 1997, elle fut certes le premier chef d’État à se rendre dans le pays après le génocide. Mais, très vite après sa nomination au poste de haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme (1997-2002), alors que Kigali était aux prises avec une rébellion hutue largement constituée de génocidaires, elle s’est attiré les foudres du gouvernement rwandais pour l’avoir rendu coresponsable des atrocités en cours.

Première femme présidente d’Irlande

Tout au long de sa vie politique, Mary Robinson, 69 ans, a été animée par la volonté de défendre les droits des citoyens et des minorités. Au prix, s’il le faut, de la souveraineté des États. Avant de devenir la première femme présidente d’une Irlande alors très conservatrice, cette avocate spécialiste des libertés fondamentales avait fait condamner son propre pays par la Cour européenne des droits de l’homme à propos du statut des enfants nés hors mariage. En 1995, elle avait proposé de faire entrer la "sécurité humaine" parmi les principes cardinaux des Nations unies, à l’égal de la souveraineté nationale.

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Or la RDC, forte de sa victoire militaire, ne veut pas entendre parler d’un "accord" qui placerait l’État sur un pied d’égalité avec une rébellion. Au cours de sa visite, Mary Robinson a évité d’employer le terme. Mais elle n’a pas cessé d’appeler à conclure les "négociations".

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