Gabon : Rose Christiane Ossouka Raponda, le nouveau visage de Libreville
La ministre gabonaise du Budget, Rose Christiane Ossouka Raponda, s’apprête à devenir le maire de Libreville. Un poste qui n’est pas de tout repos…
Comme en Centrafrique, la surprise du chef est une femme. Rose Christiane Ossouka Raponda, la fringante ministre gabonaise du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, a été désignée comme la candidate du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) pour la mairie de Libreville. Ayant obtenu la majorité lors du scrutin municipal du 14 décembre 2013, le PDG et son principal allié, le Centre des libéraux réformateurs (CLR), sont certains de conserver le poste lorsque les élus seront invités, dans les prochaines semaines, à choisir le maire "central" de la capitale gabonaise. Ossouka Raponda succédera donc à Jean-François Ntoutoume Emane, tombé en disgrâce.
>> Lire aussi : le parti du président Ali Bongo grand vainqueur des municipales
Pourtant, cette "jeune" ministre de 50 ans, entrée au gouvernement en février 2012, n’est pas un poids lourd du PDG. Élue conseillère municipale dans le 3e arrondissement, elle n’occupait que la 8e position sur une liste où seuls les noms de Laure Olga Gondjout, l’imposante secrétaire générale de la présidence, et Patience Dabany, la mère du chef de l’État, émergeaient.
La première, en âge de prendre sa retraite administrative, se serait bien vue hériter de ce mandat prestigieux attribué en récompense de services rendus. Problème, elle n’est pas une Mpongwée de l’Estuaire, groupe représenté à l’Hôtel de Ville en alternance avec celui des Fangs – dont est issu le maire sortant – en vertu d’une règle officieuse. Ali Bongo Ondimba a donc préféré Ossouka Raponda.
Écarté, Hugues Alexandre Barro Chambrier, l’ancien ministre des Mines, l’a lui aussi été. Même si sa liste a été brillamment élue, sa lettre de candidature est restée sans réponse faute de soutien dans l’entourage présidentiel.
L’édile bénéficie d’un statut protocolaire particulier et d’une meilleure rémunération mensuelle – fixée par Ntoutoume Emane à 23 millions de F CFA (35 000 euros).
Mais la ministre du Budget est-elle vraiment intéressée ? La mairie de Libreville constitue-t-elle une promotion ? À maints égards, oui. L’édile bénéficie d’un statut protocolaire particulier et d’une meilleure rémunération mensuelle – fixée par Ntoutoume Emane à 23 millions de F CFA (35 000 euros). Il dirige 3 000 agents et gère un budget important, de 19 milliards de F CFA – dont 70 % certes consacrés au paiement des salaires.
Confusion à la mairie de Libreville
Ces avantages n’occultent cependant pas la réalité : l’édile est assis sur un volcan. Avec ses syndicats acrimonieux, ses effectifs pléthoriques, sa fiscalité parallèle, sa corruption systémique, ses cadres incompétents… l’Hôtel de Ville est une pétaudière convenant mieux aux politiciens endurcis en fin de parcours qu’à une quinquagénaire à la carrière prometteuse.
Habituée aux dossiers techniques, cette ancienne directrice générale adjointe de la Banque de l’habitat du Gabon (BHG), formée à l’Institut gabonais de l’économie et des finances, option finances publiques, va devoir accélérer son apprentissage politique pour mettre au pas les syndicats, assainir la gestion de la capitale et lui donner un nouveau visage. À celle qui sera la première femme à la tête de la plus grande commune gabonaise de faire taire ceux qui lui prédisent, déjà, l’échec.
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