Libye : sans « Guide » ni boussole, que deviennent les Kadhafistes ?
Depuis la disparition de l’ex-raïs libyen, les Kadhafistes sont en cavale. Et cherchent désespérément une terre d’asile, du Niger à l’Afrique du Sud, en passant par le Tchad ou Oman.
Les hommes du premier cercle de l’ancien "roi des rois d’Afrique" en sont réduits à errer sur le continent, où ils sont traqués, privés de leurs droits. Depuis le Tchad et le Niger, certains anciens gradés Kadhafistes, comme le colonel Ali Kara, font toujours des incursions en Libye. On les soupçonne d’autant plus facilement de fomenter des opérations de déstabilisation contre le nouveau régime. À Niamey, où il "tourne en rond", quasi assigné à résidence dans une villa, propriété de l’État, Saadi Kadhafi, le fils du "Guide" défunt, vit dans l’angoisse que les autorités nigériennes finissent par céder à la pression de Tripoli et l’extradent. En attendant, il peut croiser Abdallah Mansour, un ancien conseiller de son père qui avait fui vers le Niger en possession d’importantes sommes d’argent sous escorte du chef touareg Aghali Alambo. Mansour vit à ses frais à Niamey, où il dispose d’une villa au Plateau et d’une autre à Koira Kano. Libre de circuler, il a été aperçu dans des établissements chics de Marrakech.
Saadi pourrait se rendre en Algérie, où sont toujours installés quelques caciques de l’ancien régime, tel que le général Abdelhafid Massoud. Mais les caprices de sa soeur Aïcha ont fini par excéder les autorités, qui l’ont exfiltrée, avec sa mère Safia et ses frères Hannibal et Mohamed, à Oman, où le sultan a mis à leur disposition des villas confortables.
Autre option délicate : l’Égypte, dont la justice vient d’acquitter Ahmed Kaddaf Eddam, un cousin de l’ancien leader libyen, qui était accusé de tentative de meurtre après avoir ouvert le feu sur des policiers venus l’arrêter dans son appartement du Caire. C’est également dans la capitale égyptienne que vivent la fille et l’épouse d’Abdallah Senoussi, l’ancien chef des renseignements et beau-frère de Kadhafi, incarcéré à Tripoli depuis son arrestation en Mauritanie en août 2012. "Il a demandé à avoir un Coran dans sa cellule, ses geôliers lui ont rétorqué qu’il allait salir le livre saint", se lamente sa femme.
De moins en moins de destinations pour les Kadhafistes
Khouildi Hamidi, beau-père de Saadi Kadhafi et ex-coordinateur du renseignement, confie pour sa part s’être fait totalement "plumer" par les autorités tunisiennes. Il avait été arrêté à l’aéroport de Tunis-Carthage le 7 septembre 2011. Libéré, il a fini par trouver refuge ailleurs. En mai 2013, une autre proche du clan, Wided Hamani, une pétulante blonde de 46 ans, a aussi été libérée par la justice tunisienne alors qu’elle faisait l’objet d’une notice rouge d’Interpol pour "utilisation d’argent public non justifiée". Tunis, qu’elle a quitté depuis, n’est décidément plus un bon refuge, et, pour les Kadhafistes, les destinations du continent se réduisent comme peau de chagrin. Reste l’Afrique du Sud, où Béchir Salah, l’ex-secrétaire particulier du "Guide", réside avec l’une de ses épouses. Le président sud-africain, Jacob Zuma, n’a en effet pas oublié le soutien apporté par Kadhafi dans la lutte antiapartheid.
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