Rwanda – Procès Simbikangwa : le génocide expliqué aux Français

Que savent les habitants de l’Hexagone des massacres de 1994 ? Peu de chose. Le procès Simbikangwa est l’occasion de les éclairer.

À Nyamata, dans le sud du Rwanda. © Sayyid Azim/AP/SIPA

À Nyamata, dans le sud du Rwanda. © Sayyid Azim/AP/SIPA

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 14 février 2014 Lecture : 2 minutes.

La plupart sont très attentifs. Certains noircissent des pages de cahier, comme s’ils étaient revenus sur les bancs de l’école. D’autres se contentent d’écouter, l’air parfois las. Ils ont le droit de poser des questions, mais ne l’exercent pas. Comme si ces six Français – quatre hommes et deux femmes – tirés au sort pour participer au premier procès lié au génocide rwandais de 1994 devant la justice de l’Hexagone ne se sentaient pas légitimes. Comme l’immense majorité de leurs compatriotes, ils ne savaient rien ou presque de l’histoire du Rwanda il y a encore quelques jours. Ils vont pourtant devoir juger de la culpabilité de Pascal Simbikangwa, qui risque la prison à perpétuité.

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C’est la loi en France : les cours d’assises, qui jugent les crimes les plus graves, s’appuient sur de simples citoyens siégeant aux côtés de magistrats professionnels. Or l’affaire qui occupe ce jury depuis le 4 février n’est pas un classique fait divers. Il est impossible de juger l’ancien officier des services de renseignements du régime hutu de Juvénal Habyarimana sans comprendre l’histoire de son pays. Le président de la cour a ainsi ouvert la première journée d’audience par une longue synthèse remontant jusqu’à la période précoloniale du Rwanda, sans toutefois mentionner le rôle joué par la France. Celui-ci devrait néanmoins être évoqué par les nombreux experts (historiens, journalistes, sociologues) français, belges ou rwandais qui se succéderont à la barre au cours de la deuxième semaine du procès, lequel, très médiatisé, doit durer au moins six semaines et faire appel à plus de cinquante témoins.

La captation vidéo des débats autorisée

Fait exceptionnel, le tribunal a autorisé la captation vidéo de l’intégralité des débats en raison de leur importance historique. Depuis l’interdiction de l’enregistrement des audiences, en 1954, ce n’était arrivé que cinq fois (dont trois pour des procédures liées à des crimes contre l’humanité perpétrés pendant la Seconde Guerre mondiale). Le procès Simbikangwa est une occasion unique d’enseigner aux Français une Histoire qui est aussi la leur. Vingt ans après les massacres, il était temps.

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