« Amour sur place ou à emporter » : Amelle Chahbi et Noom Diawara, couple mixte
Amelle Chahbi et Noom Diawara se sont rencontrés au Jamel Comedy Club, et depuis ils ne se quittent plus. Sur scène et derrière la caméra, en tout bien tout honneur.
C’est une jolie beurette rigolote, c’est un grand black au sourire contagieux : Amelle Chahbi et Noom Diawara incarnent le jeune couple parfait… à l’écran et au théâtre seulement. Avec Amour sur place ou à emporter, ces jeunes comiques très amis à la ville, venus tous deux du stand-up, arrivent bras dessus, bras dessous dans les hautes sphères du cinéma français à 33 ans et 35 ans. Tous deux issus d’une immigration africaine, marocaine pour Amelle et malienne pour Noom, ils sont pourtant bien français, nés à Paris, portés dès les bancs de l’école par une envie de faire rire. Ils se sont rencontrés dans les coulisses du Jamel Comedy Club, lors d’une improvisation autour d’un couple mixte : l’alchimie fut immédiate.
Pourtant, rien de très original dans la formule. « On n’a rien inventé. La pièce de boulevard avec le mari, la femme et l’amant dans le placard, c’est classique », affirme Amelle. Alors, qu’est-ce qui les différencie ? Le mélange ethnique qu’ils proposent ? Dans leur comédie romantique, les différentes origines ne font selon eux qu’ajouter du piment à l’histoire. « Si la pièce était jouée par deux Blancs, elle fonctionnerait tout aussi bien ! » précise Noom. Leur entourage les inspire au quotidien. « C’est dans l’air du temps, ajoute Noom. Aujourd’hui, un mariage sur quatre est celui d’un couple mixte. Mettre le doigt là-dessus est une façon d’atteindre plus de gens, un public de jeunes. » Ce qui fonctionne vraiment entre eux, c’est du côté du stand-up qu’il faut le chercher.
‘Notre plus-value, c’est notre côté funky, notre rythme’, affirme Amelle.
« Notre plus-value, c’est notre côté funky, notre rythme », affirme Amelle. Objectif : un rire toutes les cinq secondes ! D’où une écriture très différente des pièces de théâtre classiques. L’histoire s’est construite de saynète en saynète, au rythme des rendez-vous au café qui compose le décor de la pièce. Puis il a fallu tester chaque vanne devant un public. Deux mois d’écriture et six mois de rodage sur scène – avec l’aide de Fabrice Éboué – plus tard, Amour sur place ou à emporter lançait ce qui allait devenir une aventure de quatre ans. Un succès surprenant. « On ne s’attendait pas à ce que cela dure tant ! On allait de date en date, pensant que chaque tournée serait la dernière », raconte Noom.
Bien qu’elle ait grandi en région parisienne, la double culture est naturelle pour Amelle, qui retourne souvent au Maroc : « C’est facile, c’est pas cher, c’est comme si tu allais en banlieue parisienne finalement ! » Même chose pour Noom. « Là-bas, ils ont Canal+ Horizons, tout est connecté. Le bled est en France et la France est au bled. » Pourtant, ce n’était pas gagné. La réaction des parents quand ils ont appris qu’ils voulaient faire du stand-up ? « La catastrophe ! Ils sont venus en France pour nous donner une meilleure chance et on leur dit vouloir être saltimbanques ! » raconte Amelle, qui a fait des études de théâtre après le lycée. Issus d’une génération d’immigrés des milieux populaires ne rechignant pas au travail, leurs parents sont « discrets et bienveillants » : « Ils sont contents, mais ils restent à distance et nous permettent de garder les pieds sur terre. »
‘Tu travailles à l’école, tu acquiers une rigueur et tu te lèves à 8 heures le matin pour écrire. L’important, c’est de nourrir ton cerveau’, explique Noom.
Si tout paraît simple, Amelle et Noom insistent sur leur travail. « Le Jamel Comedy Club est une mise en avant, le stand-up une motivation. Quand tu es né en France, tu peux être intégré par l’éducation. Tout le monde veut être footballeur ou humoriste, mais il ne faut pas faire croire aux jeunes qu’il n’y a que ça », souligne Amelle. La jeune femme a étudié le théâtre classique avant de se tourner vers la comédie en tant que Miss Météo sur Canal+. Et Noom, qui a fait des études de droit à Cergy avant d’intégrer l’équipe d’écriture de l’émission Burger Quiz, ajoute : « C’est pas parce que tu fais rire tes potes que tu fais rire une salle. Il faut taffer ! Tu travailles à l’école, tu acquiers une rigueur et tu te lèves à 8 heures le matin pour écrire. L’important, c’est de nourrir ton cerveau. »
« Passer de la pièce au film, c’est beaucoup de concessions, poursuit Amelle. Ce n’est pas la même écriture : au théâtre on peut surjouer, au cinéma il faut être juste. Noom va voir tous les films, ce qui nous évite de reproduire des clichés. Son oeil nous a permis de creuser plus profondément. » Bien qu’Amelle ait pris la casquette de réalisatrice, « parce que c’est la plus organisée », Noom a assuré la direction artistique du film. « Je demandais toujours à Noom son avis. Depuis huit ans qu’on se connaît, on se dit les choses… Enfin, quand on se téléphone, on ne se dit plus bonjour ! » Maintenant que leurs carrières prennent des chemins séparés (Noom est à l’affiche de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?), le lien est plus fort que jamais. « On est au courant de tout, on se conseille. » Et l’envie de remonter sur scène ensemble est déjà là.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Émigration clandestine : « Partir, c’est aussi un moyen de dire à sa famille qu’on...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Fally Ipupa : « Dans l’est de la RDC, on peut parler de massacres, de génocide »
- À Vertières, les esclaves d’Haïti font capituler les troupes de Napoléon
- Les « maris de nuit », entre sorcellerie et capitalisme