Les coulisses du sommet de l’UA des 26 et 27 juin
Les chef d’État du continent se sont réunis les 26 et 27 juin à Malabo en Guinée équatoriale. Retour sur les coulisses du sommet de l’Union africaine.
Enfin, Samba-Panza vint
La présence de Catherine Samba-Panza, la présidente de la transition, à la réunion informelle sur la Centrafrique organisée le 27 juin par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) en marge du sommet de l’Union africaine n’a, semble-t-il, tenu qu’à un fil.
Arrivée la veille à Malabo dans l’avion de la présidence angolaise, elle a piqué une colère froide en découvrant que l’une des solutions envisagées par ses pairs était la nomination de deux vice-Premiers ministres, l’un membre de la Séléka, l’autre des anti-balaka. Est-ce pour cette raison qu’elle est arrivée à la réunion avec plus de trente minutes de retard ?
Idriss Déby Itno, le président tchadien, et son compatriote Ahmad Allam-mi, secrétaire général de la Ceeac, s’en sont en tout cas irrités. Ce dernier a même envisagé de commencer la réunion sans l’attendre. C’est à cet instant que la Centrafricaine a fait son apparition. La suite, au cours de laquelle elle a été priée de présenter son maigre bilan, a été plutôt tendue
Ce que Bamako attend de la Minusma
Bamako n’a toujours pas digéré le manque de soutien de la Minusma lors des événements de Kidal, fin mai. Le Mali attend donc de la force onusienne, dont le mandat a été prolongé le 25 juin, qu’elle clarifie son rôle.
C’est ce qu’a répété Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, à Bert Koenders, le patron de la Minusma, lors d’un entretien auquel a assisté Edmond Mulet, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le 24 juin. "Nous attendons de la Minusma qu’elle soit une force de soutien à des autorités légitimes et non une force d’interposition", a insisté Diop.
>> À lire aussi : IBK veut une minusma plus forte
Le voisin terroriste d’IBK
"Le jeune terroriste arrêté dans la nuit du 24 au 25 juin vivait à deux pas de ma résidence dans un quartier populaire de Bamako [Sébénikoro]", a confié le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour illustrer la menace terroriste qui pèse sur le Mali. Il s’agit de Mohamed Ali Ag Wassouden, un Touareg soupçonné d’être lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Et IBK de s’interroger, le 27 juin, au sortir d’un entretien bilatéral avec le Nigérian Goodluck Jonathan : "Que reste-t-il d’humanité chez ces terroristes ? Ces gens-là n’ont pas de limites."
Kippas non grata ?
Israël souhaite intégrer l’UA comme membre observateur, mais c’est une délégation de la Conférence des présidents des organisations juives, venue à l’invitation du président équato-guinéen, qui s’est fait remarquer. Une dizaine de membres de cette influente organisation américano-israélienne, portant la kippa, avaient fait le déplacement.
Ils ont été reçus par leur hôte, le 25 juin, mais également par le Sud-Africain Jacob Zuma et par l’Américaine Linda Thomas-Greenfield. Leur présence a surtout déclenché l’ire des pays arabes. "Pas question que les Israéliens aient un statut d’observateur à l’UA", s’est emporté un diplomate égyptien.
Teodorin en Bentley
Coutumier des frasques et dans le viseur de la justice française dans le cadre d’une enquête sur ses biens supposés mal acquis, Teodorin Obiang, le fils du président équato-guinéen, a fait une entrée remarquée lors de l’ouverture du sommet.
Arrivé à bord d’une Bentley continentale noire, sans plaque d’immatriculation ni drapeau, il a emprunté le tapis rouge réservé aux chefs d’État et de gouvernement, escorté d’une jolie blonde… Et c’est accompagné de ses gardes du corps qu’il a ensuite assisté à la séance plénière, le 26 juin.
>> À lire aussi : Teodoro Nguema Obiang Mangue, entre tracas et pénitence
Blindés de tous les côtés
De nombreux attachés militaires de présidents africains ne cachaient pas leur surprise et parfois leur jalousie à l’égard du dispositif sécuritaire déployé par la Guinée équatoriale : deux frégates étaient postées à quelques miles des côtes, face au Centre de conférences de Sipopo.
Ces dernières années, Malabo a signé plusieurs contrats avec des sociétés américaines, israéliennes et ukrainiennes. Sur l’autoroute qui relie le centre de Malabo à Sipopo, les véhicules étaient contraints de passer sous un scanner dernier cri. Les véhicules diplomatiques qui ont tenté de passer en force ont vu leurs pneus crevés par des clous lancés par les soldats de la garde présidentielle.
Kadhafi junior au menu
La Libye a dû une fois de plus s’expliquer en séance du conseil exécutif, le 24 juin, sur le sort réservé à Seif el-Islam, l’un des fils de Mouammar Kadhafi détenu au secret à Zintan. Depuis 2013, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples demande à Tripoli de lui permettre de choisir son avocat. Devant ses homologues, Mohamed Abdelaziz, le chef de la diplomatie libyenne (lui-même originaire de Zintan), a défendu le respect des procédures par la justice de son pays. Mais il a eu bien du mal à les convaincre.
>> À lire aussi : Procès de Seif el-Islam Kadhafi : dialogue de sourd entre la CPI et Tripoli
Bataille pour la CPI
C’est en décembre que les États signataires du Statut de Rome procéderont à l’élection des six nouveaux juges de la Cour pénale internationale (CPI). Les candidats étant tenus de se déclarer avant le 20 juillet, les hostilités sont d’ores et déjà engagées.
À Malabo, en marge du sommet de l’Union africaine (UA), une réunion à huis clos a été très tendue. La RD Congo, qui souhaite présenter un candidat, comptait sur le soutien de la Commission de l’UA. Las, "au dernier moment", selon Raymond Tshibanda, son ministre des Affaires étrangères, le Bénin s’est déclaré intéressé par le poste sans que l’UA réagisse. Tshibanda a alors eu des mots très durs à l’adresse de la délégation béninoise.
Les frères ennemis se mettent à table
Avant l’ouverture du sommet de l’Union africaine, à Malabo, Ali Bongo Ondimba et Teodoro Obiang, les présidents gabonais et équato-guinéen, se sont discrètement rencontrés le 26 juin, à 9 heures, dans une salle du centre de conférences de Sipopo.
>> Lire aussi : Retour sur un sommet marqué par la lutte contre le terrorisme
Ils étaient accompagnés de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, qui a tenté de jouer les médiateurs dans le différend qui oppose les deux pays à propos des îles Mbanié, Conga et Cocotiers – les fonds marins alentour pourraient receler de grandes quantités d’hydrocarbures.
Sans grand succès, en dépit de la bonne humeur apparente des hommes. La Guinée équatoriale n’a pas renoncé à porter le dossier devant la justice internationale.
Invitations pour Washington
À la tête d’une importante délégation venue de Washington et d’Addis-Abeba, l’Américaine Linda Thomas-Greenfield, secrétaire d’État adjointe pour les affaires africaines, a personnellement distribué des invitations pour le sommet États-Unis – Afrique, prévu début août, à la dizaine de chefs d’État et de ministres des Affaires étrangères qu’elle a rencontrés en tête à tête.
Les présidents du Soudan, du Zimbabwe, d’Érythrée, de Guinée-Bissau et de République arabe sahraouie démocratique ne seront pas du voyage.
>> À lire aussi : Sommet États-Unis – Afrique : qui en sera ?
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