Gabon : Ona Ondo, Monsieur Loyal
Le troisième Premier ministre, Ona Ondo, d’Ali Bongo Ondimba doit mettre en oeuvre le nouveau contrat social et regagner sa province d’origine, le Woleu-Ntem, à la cause présidentielle.
Prudence. C’est le maître mot de Daniel Ona Ondo depuis qu’il a été nommé Premier ministre, le 24 janvier. Troisième chef du gouvernement du septennat d’Ali Bongo Ondimba, il sait qu’à l’approche de la présidentielle, prévue en 2016, aucun faux pas ne lui sera pardonné. Ni par le chef de l’État, qui attend de lui l’accélération des programmes gouvernementaux, ni par les caciques du Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir), dont la plupart se verraient bien à sa place et l’attendent au tournant.
Ces derniers, qui n’ont jamais fait de la solidarité partisane une vertu cardinale, lui imputeront immanquablement tout éventuel retard ou ratage susceptible de donner du grain à moudre aux détracteurs du PDG. Mais le Premier ministre reste impassible. "C’est un homme bien sur le plan humain, intellectuellement au niveau, et que rien n’émeut en politique", dit de lui un opposant, qui fut proche de Daniel Ona Ondo avant que leurs chemins se séparent, en 2009.
À 69 ans, l’ancien doyen de la faculté des sciences économiques de l’Université Omar-Bongo (UOB) de Libreville a en effet le cuir tanné par la violence des grèves estudiantines et par les joutes politiques. Pourtant, ceux qui le connaissent assurent qu’il n’aime pas les situations conflictuelles. Il a donc le profil qu’il fallait pour mettre un peu de souplesse dans les relations parfois orageuses que son prédécesseur à la primature, Raymond Ndong Sima, a entretenues avec le Palais présidentiel du bord de mer.
Des tensions dues à "une erreur de casting", pour reprendre les termes du chef de l’État. "À la primature, le président a besoin d’un homme flexible, à la manière du roseau et non d’un baobab", confirme un conseiller du Palais. Daniel Ona Ondo peut-il jouer ce rôle ?
L’autorité de Raymond Ndong Sima défiée par des ministres
Depuis son perchoir de premier vice-président de l’Assemblée nationale, auquel il a accédé en 2007, il a pu observer les contorsions de Raymond Ndong Sima, dont l’autorité fut tant de fois défiée par des ministres ayant leurs entrées à la présidence.
>> Lire aussi l’interview de Raymond Ndong Sima : "Le cap est tenu, même si l’on ne va pas à la vitesse souhaitée"
Il a également eu tout le loisir de décrypter le fonctionnement de l’exécutif sous Ali Bongo Ondimba : un système conçu pour éviter les pesanteurs administratives et favoriser l’efficacité, engendrant du même coup une certaine dose de centralisme, au détriment du gouvernement, puisque ce dernier doit cohabiter avec des agences qui ne répondent que de la présidence.
Reste la question de la loyauté du Premier ministre à l’égard du président, qui se pose pour tout titulaire de la fonction et plus encore à l’approche d’échéances électorales. Pour commencer, Daniel Ona Ondo n’est pas Paul Biyoghe Mba. Premier chef de gouvernement nommé par Ali Bongo Ondimba, ce politicien madré, que les proches du président soupçonnaient de rouler pour lui-même, avait maillé l’administration d’un réseau de fidèles.
Comme Raymond Ndong Sima, son prédécesseur, Daniel Ona Ondo a en revanche la particularité d’être natif d’Oyem, la grande ville du Nord, du Woleu-Ntem, réputé frondeur. La province a d’ailleurs massivement voté pour André Mba Obame, le grand opposant, à la dernière présidentielle. Et, à la suite des élections locales de décembre, l’opposant Alfred Memine-Me-Zue a été élu, le 19 janvier dernier, à la tête du conseil départemental du Ntem…
À la faveur du basculement inattendu de six conseillers du PDG. Dans son cahier des charges, Ona Ondo, député du canton de Nyé, s’est vu confier la difficile mission de remobiliser le PDG dans cette province du pays où le parti présidentiel semble avoir perdu la boussole.
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